Alors que le gouvernement cherche à maîtriser les dépenses de santé, le budget de la Sécurité sociale pour 2025 introduit plusieurs mesures qui impacteront directement les patients. Certaines prestations sont renforcées, tandis que d’autres voient leur remboursement diminuer, avec des conséquences sur le portefeuille des ménages.
Sécurité sociale : le budget 2025 fera-t-il du bien à votre portefeuille ?

Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025 a été définitivement adopté après le rejet d’une motion de censure. Ce budget, qui fixe les dépenses de santé pour l’année à venir, introduit des mesures qui impacteront directement les patients, les familles et les professionnels de santé. Alors que certaines prestations sont renforcées, d’autres voient leur remboursement diminuer. Hausse du budget hospitalier, évolution des remboursements de soins, réorganisation de la prise en charge des arrêts maladie : voici les changements concrets à venir.
Une hausse du budget hospitalier, mais des financements jugés insuffisants
L’Objectif national des dépenses d’assurance maladie (ONDAM) est porté à 263,9 milliards d’euros en 2025, soit une augmentation de 3,4 % par rapport à l’an dernier. Cette hausse vise à soutenir les hôpitaux, la médecine de ville et l’accès aux soins.
Les établissements hospitaliers bénéficient d’un soutien supplémentaire d’un milliard d’euros, une enveloppe censée alléger la pression financière sur les urgences et améliorer les conditions de travail du personnel soignant. Les syndicats hospitaliers soulignent que cette augmentation reste inférieure aux besoins réels, notamment face à l’inflation des coûts énergétiques et aux hausses salariales nécessaires pour retenir le personnel médical.
Les services d’urgences et les hôpitaux de proximité font partie des bénéficiaires prioritaires, avec des financements dédiés pour désengorger les grands centres hospitaliers. En revanche, certaines structures privées, notamment les cliniques, dénoncent un manque d’équité dans l’attribution des aides.
Moins de remboursements pour certains soins et médicaments
L’une des mesures les plus sensibles de ce budget concerne la baisse du taux de remboursement de certains médicaments. Le gouvernement a acté une diminution de 5 % du remboursement des médicaments dits « à service médical rendu faible ». Cette mesure concerne principalement les traitements destinés à soulager des symptômes bénins, comme certains antidouleurs, sirops contre la toux ou médicaments contre les troubles digestifs légers.
Le reste à charge pour les patients augmentera donc sur ces produits, à moins qu’ils ne disposent d’une complémentaire santé couvrant la différence. Selon les estimations des associations de patients, cette mesure pourrait représenter un surcoût de 20 à 50 euros par an pour les ménages qui consomment régulièrement ces traitements.
Les remboursements des soins dentaires et optiques sont également touchés. La part prise en charge par la Sécurité sociale diminue pour les prothèses dentaires et certaines lunettes, ce qui obligera les patients à solliciter davantage leur mutuelle ou à payer de leur poche. Pour les soins dentaires, la prise en charge baisse en moyenne de 10 % sur certains actes de prothèses, tandis que pour les lunettes, le remboursement de la monture est réduit, ce qui risque de faire grimper le prix final pour les patients.
Arrêts maladie : des règles plus strictes pour limiter les abus
Autre mesure qui va concerner de nombreux actifs : la révision du système de prise en charge des arrêts maladie. Le gouvernement prévoit un meilleur encadrement des arrêts de courte durée, avec une augmentation des contrôles pour limiter les prescriptions jugées abusives.
Les employeurs pourront solliciter plus facilement un contrôle médical en cas de doute sur un arrêt de moins de sept jours. Les patients en arrêt maladie de longue durée devront justifier plus fréquemment de l’évolution de leur état de santé pour continuer à percevoir leurs indemnités journalières.
Le gouvernement justifie ces ajustements par une augmentation préoccupante des arrêts de travail ces dernières années, notamment ceux de courte durée. Mais du côté des syndicats, cette réforme est perçue comme une remise en cause des droits des salariés malades, qui pourraient être contraints de reprendre le travail prématurément sous la pression de contrôles renforcés.
Un maintien de la prise en charge pour les plus vulnérables
Malgré ces mesures de réduction des remboursements, certaines prestations restent protégées. Les médicaments à service médical élevé, comme les traitements contre le cancer, les maladies chroniques ou les pathologies graves, conservent leur taux de remboursement actuel.
L’Assurance maladie maintient également la prise en charge intégrale de certains soins pour les bénéficiaires de la Complémentaire santé solidaire (ex-CMU-C), notamment pour les soins dentaires, les lunettes et les appareils auditifs.
Les consultations médicales ne sont pas directement concernées par des hausses de tarif pour les patients, même si des négociations sont toujours en cours entre l’Assurance maladie et les syndicats de médecins pour une réévaluation des consultations généralistes.
Quels impacts concrets pour les patients ?
Pour les ménages, ce budget va se traduire par une augmentation des dépenses de santé non remboursées. Le surcoût viendra principalement de la baisse des remboursements des médicaments et des soins dentaires et optiques. Ceux qui disposent d’une bonne complémentaire santé verront peu de changements, mais les autres devront assumer des frais plus élevés.
Les patients souffrant de maladies graves ne seront pas touchés par ces ajustements, et les hôpitaux bénéficient d’un soutien financier supplémentaire, même si celui-ci reste jugé insuffisant par les professionnels de santé. Les actifs en arrêt maladie devront s’adapter à des contrôles plus stricts, ce qui pourrait compliquer la prise en charge de certaines pathologies.
Ce budget montre une volonté du gouvernement de freiner l’augmentation des dépenses de santé. Il risque de creuser un peu plus les inégalités d’accès aux soins, notamment pour ceux qui n’ont pas de mutuelle couvrant les nouveaux restes à charge.