« La photocopie de l’arrêt de travail, ça sera fini. » Cette phrase, lâchée par Thomas Fatôme sur RMC le 21 mars 2025, annonce un changement administratif, celle contre les fausses déclarations d’arrêt maladie, un fléau à 42 millions d’euros.
Arrêts de travail : et si le papier disparaissait pour de bon ?
En juin 2025, un pan entier du vieux système sera enterré. Mais pourquoi cette bascule ?
Une fraude aux arrêts de travail en explosion : 42 millions envolés en 2024
Le chiffre est élevé : en 2024, les fraudes liées aux arrêts de travail ont coûté 42 millions d’euros à l’Assurance maladie. C’est plus de deux fois plus qu’en 2023. Et c’est surtout le symptôme d’un système où le papier, encore trop présent, ouvre des failles béantes à l’arnaque.
Le rapport annuel de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), publié le 20 mars 2025 montre que les fraudes globales ont atteint 628 millions d’euros, soit une progression de 35 % en un an. Les arrêts de travail en représentent une part de plus en plus importante. Faux certificats, photocopies recyclées, documents falsifiés : les méthodes se perfectionnent, les pertes s’alourdissent.
La réponse est claire, nette, définitive. Dès juin 2025, les anciens formulaires papier ne seront plus acceptés. Seuls les documents CERFA sécurisés, intégrant des QR codes vérifiables par les systèmes de l’Assurance maladie, seront valables. « On a commencé à les diffuser dans les cabinets et les hôpitaux », explique Thomas Fatôme. Objectif : rendre toute fraude “compliquée, voire impossible”.
Le message est simple : si l’origine d’un arrêt ne peut être certifiée, il ne sera plus pris en compte. Et les logiciels de traitement, en coulisses, seront mis à jour pour rejeter automatiquement tout formulaire obsolète.
L’Assurance maladie passe à la vitesse supérieure
Au-delà des arrêts de travail, c’est toute la stratégie anti-fraude qui change. La CNAM muscle ses effectifs : 1 600 agents spécialisés en 2025, soit +10 % par rapport à 2023. Et elle crée six Pôles interrégionaux d’enquête judiciaire (PIEJ), épaulés par une unité centrale dédiée aux fraudes émergentes. 60 agents aux prérogatives de police judiciaire ont été formés.
L’Assurance maladie collabore avec des start-up pour déployer des modèles d’intelligence artificielle capables de repérer des schémas suspects.
Si cette numérisation des arrêts de travail peut-être une bonne chose, quid des patients âgés ou qui détestent le tout numérique ? Des professionnels isolés ? « Une version papier reste possible, mais uniquement via les CERFA sécurisés », rassure la CNAM.