Inoffensif, le chewing-gum ? Derrière son goût sucré et sa fraîcheur mentholée se cache peut-être un concentré de particules indésirables. Et si cette friandise anodine était en réalité une source sournoise de pollution invisible ?
Des milliers de microplastiques dans un chewing-gum

Une nouvelle étude scientifique, présentée le 25 mars 2025 lors de la réunion annuelle de l’American Chemical Society, a confirmé un phénomène insoupçonné : la mastication d’un chewing-gum libère une quantité importante de microplastiques. Ce constat renforce la crainte croissante liée à l’omniprésence de ces particules dans notre quotidien, posant une fois encore la question de leur impact sur notre santé et sur l’environnement.
Microplastiques : une invasion qui commence dans la bouche
Selon l’étude menée par des chercheurs de l’Université de Californie à Los Angeles, chaque gramme de gomme à mâcher libérerait en moyenne 100 particules de microplastiques, avec des pics dépassant 600 particules pour certaines marques. Et le plus surprenant, c’est la rapidité de cette libération. « 94 % des particules ont été détectées dans les huit premières minutes de mastication », a précisé l’équipe de recherche lors de la présentation de ses résultats et dans des propos rapportés par Presse-Citron.
La méthode employée ? Une personne a mâché sept échantillons issus de dix marques différentes de chewing-gum, aussi bien synthétiques que naturelles. Cette approche, inhabituelle mais rigoureuse, visait à éviter les biais interindividuels. Le verdict est sans appel : aucune gomme n’est épargnée.
Chewing-gum naturel ou synthétique : même combat plastique
L’illusion d’un produit plus vertueux s’effondre. Contrairement à ce que le consommateur pourrait espérer, les chewing-gums étiquetés « naturels » ne sont pas moins polluants. « Notre hypothèse de départ était que les gommes synthétiques contiendraient beaucoup plus de microplastiques », a confié Lisa Lowe, co-autrice de l’étude. Pourtant, la réalité est bien différente.
En effet, même les gommes à base de chicle, une sève issue du sapotillier, arbre d’Amérique centrale, contiennent souvent des polymères industriels introduits lors des étapes de fabrication ou d’emballage. « Les polyoléfines, largement utilisées dans l'industrie agroalimentaire pour l'emballage, sont les plus abondantes dans tous les échantillons », explique Lisa Lowe dans Sciences et Avenir. Ces substances incluent des polyéthylène téréphtalates, polyacrylamides et polystyrènes. Autant de plastiques retrouvés jusque dans les confiseries les plus anodines.
Une ingestion discrète mais massive de plastique
Combien de chewing-gums sont consommés chaque année par un individu lambda ? Selon l’étude, entre 160 et 300 unités. Ce geste apparemment anodin pourrait donc représenter jusqu’à 30 000 particules de microplastiques ingérées chaque année. Et ce chiffre est probablement sous-estimé, car les appareils de mesure utilisés ne détectaient que les particules supérieures à 20 micromètres.
Les plus fines, invisibles à l’analyse, échappent encore à la quantification. Le professeur Sanjay Mohanty, co-auteur de l’étude, tempère toutefois : « Nous ne cherchons pas à créer la panique », rappelant que de nombreuses études ont déjà prouvé l’ingestion quotidienne de microplastiques par l’homme. Ici, le chewing-gum n’est qu’un acteur de plus dans une contamination généralisée.
Une menace pour l’environnement… et pour notre santé ?
La pollution ne s’arrête pas à l’ingestion. Comme le souligne Mohanty, « le plastique libéré dans la salive ne représente qu’une fraction minime du plastique contenu dans le chewing-gum ». En d’autres termes, même mâché et recraché, le chewing-gum continue de relâcher des microplastiques dans l’environnement, surtout lorsqu’il finit collé sur un mur ou abandonné sur un trottoir.
Quant aux risques sanitaires ? Ils restent encore mal cernés. « Les scientifiques ne savent pas encore si les microplastiques sont dangereux pour nous ou non. Il n'y a pas d'essais sur l'homme », avertit Mohanty dans le communiqué de l’American Chemical Society. Ce flou scientifique rend l’évaluation des effets à long terme délicate, mais les chercheurs soulignent la nécessité de recherches approfondies et indépendantes.