Vaccination : un impératif de santé publique trop souvent négligé

La Semaine européenne de la vaccination bat son plein, mais derrière les slogans se cachent des réalités épidémiologiques alarmantes, des disparités régionales criantes et une mobilisation encore insuffisante. Et si l’immunisation devenait enfin une priorité non négociable ?

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By La rédaction Santé Matin Last modified on 29 avril 2025 10h54
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Vaccination : un impératif de santé publique trop souvent négligé © Shutterstock
154 millionsLe programme EPI (Programme élargi de vaccination), lancé en 1974, aurait sauvé 154 millions de vies.

L’immunisation en question : pourquoi la vaccination est vitale

Du 21 au 27 avril 2025, la Semaine européenne de la vaccination – alignée cette année avec la Semaine mondiale de l’immunisation – met en lumière l’enjeu fondamental de la vaccination. Sous le mot d’ordre « Immunization for all is humanly possible », l’Organisation mondiale de la santé (OMS) tente de réveiller les consciences. Car les chiffres sont là, glaçants : plus de 127.000 cas de rougeole ont été signalés en 2024 dans la seule région européenne, dont 38 décès selon le rapport officiel de l’OMS, et ce alors qu’un vaccin sûr et efficace est disponible depuis des décennies​.
L’enjeu est simple, presque brutal : sauver des vies. Grâce à la vaccination, plus de 20 millions de personnes marchent aujourd’hui alors qu’elles auraient pu être paralysées par la poliomyélite​. Le programme EPI (Programme élargi de vaccination), mis en place depuis 50 ans, aurait sauvé 154 millions de vies, soit l’équivalent de six personnes par minute depuis 1974​.

La vaccination est un investissement sanitaire, économique et social

Dans ce tableau global, le modèle de santé au Kazakhstan s’efforce de démontrer sa résilience. À l’occasion de cette Semaine de l’immunisation, dont l'édition 2025 a été lancée dans ce pays d'Asie centrale (et oui, l'OMS inclut l'Asie centrale dans sa région « Europe »), les autorités du pays ont multiplié les déclarations, entre fierté institutionnelle et appels à la vigilance. Le 22 avril 2025, lors de la conférence de presse de lancement de la Semaine de l’immunisation, le vice-ministre kazakhstanais de la Santé, Zhandos Burkitbayev, déclarait : « L’immunisation, c’est non seulement une protection contre les infections, mais aussi une contribution à l’économie, une réduction de la mortalité et une amélioration de la qualité de vie ». Le message est clair : la vaccination n’est pas une dépense, c’est un investissement sanitaire, économique et social.

Il y a également la responsabilité citoyenne, que rappelle Saltanat Bazylbekova, spécialiste des maladies infectieuses : « La vaccination est une responsabilité non seulement du médecin, mais aussi de chaque membre de la société ». Un rappel salutaire dans une époque de repli individualiste, où l’on oublie trop souvent que la solidarité vaccinale est le socle de toute protection collective.

Des maladies oubliées qui font leur retour

Rougeole, diphtérie, coqueluche… Ces noms que l’on croyait relégués aux manuels de médecine font aujourd’hui la une des bulletins sanitaires. En 2023, plus de 87.000 cas de coqueluche ont été recensés en Europe, un record depuis 1994. L’érosion de la couverture vaccinale, les retards post-COVID, la désinformation numérique : les causes sont multiples mais le résultat est le même, dramatique.

Le cas du tétanos, toujours mortel lorsqu’il n’est pas traité à temps, illustre aussi l’absolue nécessité de maintenir une immunisation complète tout au long de la vie. Idem pour la vaccination pendant la grossesse, qui permet de protéger à la fois la mère et l’enfant​.

L’agenda 2030 : un objectif atteignable ou un mirage institutionnel ?

L’Agenda européen de l’immunisation 2030 (EIA2030), pierre angulaire de la stratégie continentale, affiche des ambitions louables : zéro cas de polio, élimination de la rougeole, du cancer du col de l’utérus, universalisation de l’accès aux vaccins. Tout est dit dans le slogan martelé par l’OMS : « Immunization for all is #HumanlyPossible »​.

La vaccination n’est ni un luxe ni une option. Elle est une assurance vie collective, à condition que les discours soient suivis d’actes, que les programmes soient financés et que la pédagogie prenne le pas sur la peur. Les campagnes de la Semaine européenne de la vaccination 2025 rappellent une évidence : ce qui est humainement possible ne doit plus être repoussé. Ni demain, ni après-demain.

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