Cancer du col de l’utérus : la campagne vaccinale a-t-elle porté ses fruits ?

La vaccination contre les papillomavirus humains (HPV) connaît une progression encourageante chez les adolescents en France. Malgré cela, les niveaux de couverture restent inférieurs aux cibles nationales et internationales, rendant nécessaire une mobilisation accrue des acteurs de la santé publique.

Jade Blachier
By Jade Blachier Published on 14 mai 2025 15h09
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Cancer du col de l’utérus : la campagne vaccinale a-t-elle porté ses fruits ? © Shutterstock

Le 12 mai 2025, la Société Française de Colposcopie et de Pathologie Cervico-Vaginale (SFCPCV) a publié un communiqué saluant les dernières données de Santé publique France sur la vaccination contre les HPV. Ces chiffres montrent une amélioration mesurable de la couverture vaccinale chez les adolescents, en particulier depuis l’instauration d’une campagne nationale en milieu scolaire à la rentrée 2023. Néanmoins, cette avancée ne suffit pas encore à atteindre les seuils fixés par les autorités sanitaires françaises et internationales dans leurs stratégies de lutte contre le cancer du col de l’utérus.

Des indicateurs en hausse chez les filles et les garçons

Les données de Santé publique France pour l’année 2024 révèlent une augmentation du taux de primo-vaccination contre les HPV chez les jeunes de 15 ans. Chez les filles, 58,4 % avaient reçu une première dose, contre 54,6 % un an plus tôt. La progression est encore plus marquée chez les garçons, dont le taux est passé de 25,9 % à 36,9 % sur la même période. Cette dynamique est largement attribuée à la mise en œuvre d’un programme de vaccination directement au sein des établissements scolaires, qui facilite l’accès à l’acte vaccinal.

Ces résultats marquent un changement important après plusieurs années de stagnation, en particulier chez les garçons, longtemps exclus des recommandations initiales. Ils témoignent aussi d’un début de réduction des inégalités d’accès liées à l’environnement familial, social ou territorial.

Des écarts persistants avec les cibles de santé publique

Malgré cette évolution positive, la couverture vaccinale reste insuffisante pour répondre aux engagements pris dans le cadre de la stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021–2030. Ce plan fixe un objectif de 60 % de couverture vaccinale dès 2023, puis 80 % d’ici 2030. Parallèlement, la stratégie mondiale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) vise une couverture de 90 % des jeunes filles à l’horizon 2030, condition essentielle à l’élimination du cancer du col de l’utérus en tant que problème de santé publique.

En France, ces seuils restent pour l’instant hors d’atteinte. Selon la Haute Autorité de santé, seuls 48 % des filles et 24,5 % des garçons de 16 ans avaient complété leur schéma vaccinal en 2024. Les écarts territoriaux sont également marqués, notamment en outre-mer où la couverture demeure très faible. Ces disparités soulignent la nécessité d’ajustements structurels pour atteindre une équité vaccinale.

La vaccination, outil essentiel dans la prévention du cancer du col de l’utérus

Les papillomavirus humains sont à l’origine de la majorité des cas de cancer du col de l’utérus. En France, environ 3 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. L’infection à HPV est le plus souvent asymptomatique, mais certaines souches du virus peuvent entraîner des lésions précancéreuses qui, sans traitement, évoluent en cancer invasif. La vaccination avant 14 ans permet de prévenir jusqu’à 90 % de ces cas, d’après les autorités sanitaires.

Le vaccin contre le HPV est aujourd’hui recommandé pour tous les adolescents, filles et garçons, entre 11 et 14 ans, avec une possibilité de rattrapage jusqu’à 19 ans. Il s’agit d’un schéma à deux doses espacées de six mois. Depuis la rentrée 2023, une offre gratuite de vaccination est proposée aux élèves de 5e dans les collèges volontaires. Cette mesure, inscrite dans le plan de lutte contre les infections à HPV, vise à améliorer l’accès et à lever les freins logistiques.

Renforcer l’implication des professionnels et des territoires

La SFCPCV appelle à un renforcement des efforts dans plusieurs directions. Elle insiste notamment sur la nécessité d’associer davantage les professionnels de santé de premier recours, comme les médecins généralistes, les pharmaciens et les sages-femmes. Ces interlocuteurs de proximité jouent un rôle central dans l’information des familles et la recommandation vaccinale.

Par ailleurs, la société scientifique met en avant les disparités régionales persistantes, en particulier dans les zones rurales et les territoires ultramarins. Dans ces zones, l’accès aux services de vaccination est parfois limité, ce qui freine la progression de la couverture. Des actions ciblées d’accompagnement, d’éducation à la santé et de soutien logistique apparaissent indispensables.

Perspectives et leviers d’amélioration

Le ministère de la Santé a annoncé que le bilan complet de la campagne de vaccination scolaire 2024–2025 serait publié après l’été. Ce retour d’expérience devrait permettre d’identifier les facteurs de succès et les points de vigilance, afin d’ajuster les modalités du programme pour les prochaines années.

Pour atteindre les objectifs fixés, plusieurs leviers peuvent être mobilisés : pérennisation du dispositif scolaire, renforcement de la formation des professionnels, campagnes de communication adaptées aux publics jeunes, et amélioration de la traçabilité des vaccinations dans les systèmes d’information partagés.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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