Derrière des chiffres bien connus se cache une réalité médicale encore insuffisamment reconnue. Si les maladies cardio-vasculaires sont régulièrement au cœur des campagnes de prévention, leur impact spécifique chez les femmes reste un enjeu de santé publique sous-estimé. Un constat que rappelle la Fondation Cœur et Recherche à l’occasion de la Journée internationale d’action pour la santé des femmes.
Femmes et santé cardiovasculaire : un enjeu public encore mal cerné

Le 28 mai 2025, la Fondation Cœur et Recherche a diffusé un message d’alerte à l’occasion de la Journée internationale dédiée à la santé des femmes. Elle y met en évidence une problématique encore mal prise en compte : les maladies cardio-vasculaires représentent aujourd’hui la première cause de mortalité féminine dans le monde, et pourtant, les disparités entre les sexes dans la prévention, le diagnostic et le traitement de ces pathologies persistent. Ce constat interroge non seulement l’organisation du système de soins, mais aussi l’orientation des efforts de recherche et la sensibilisation du public féminin à ces risques.
Une réalité épidémiologique préoccupante
Les données internationales montrent que les maladies cardio-vasculaires provoquent chaque année plus de 8,5 millions de décès chez les femmes, ce qui représente environ un tiers de la mortalité féminine totale. En France, elles demeurent la première cause de décès chez les femmes, devant le cancer du sein. Ce fait est connu, mais encore trop peu visible dans les représentations collectives, où l’infarctus reste souvent associé à un profil masculin.
Ce décalage a des conséquences directes. Il contribue à un retard de diagnostic, à une interprétation parfois incomplète des symptômes, et à des traitements moins ciblés. Cette situation s’explique en partie par un manque de prise en compte des spécificités biologiques et hormonales féminines dans les études cliniques, ainsi que par une sous-représentation des femmes dans les essais thérapeutiques.
Les particularités féminines encore insuffisamment reconnues
Les maladies cardio-vasculaires chez les femmes présentent des caractéristiques propres à chaque étape de leur vie. La grossesse, notamment lorsqu’elle est compliquée par une prééclampsie ou une hypertension gestationnelle, constitue un facteur de risque majeur. De même, la ménopause s’accompagne d’une modification du profil hormonal qui peut influencer l’état des artères. Par ailleurs, certaines pathologies chroniques plus fréquentes chez les femmes, comme l’endométriose, sont désormais reconnues comme des facteurs associés à une vulnérabilité cardio-vasculaire accrue.
Les signes d’alerte sont parfois différents chez les femmes. Les douleurs thoraciques typiques de l’infarctus peuvent être absentes ou se manifester sous forme de fatigue intense, de troubles digestifs ou de douleurs diffuses. Ces signes, moins spécifiques, peuvent retarder la demande de soins et le diagnostic. Ce phénomène est particulièrement préoccupant chez les femmes jeunes, dont la part parmi les patientes hospitalisées pour infarctus a significativement augmenté au cours des dix dernières années.
Une prise en charge à adapter aux besoins spécifiques
Améliorer la prise en charge des maladies cardio-vasculaires chez les femmes nécessite d’agir à plusieurs niveaux. Il s’agit d’abord de mieux former les professionnels de santé à la reconnaissance des spécificités féminines en matière de symptômes, de risques et de facteurs associés. Cela suppose également de favoriser une participation équitable des femmes dans les études cliniques, afin d’adapter les protocoles thérapeutiques à la diversité des profils patients.
La prévention doit aussi être renforcée, en ciblant les moments clés de la vie hormonale féminine, contraception, grossesse et ménopause, durant lesquels les risques évoluent. L’intégration de ces éléments dans les stratégies de dépistage est un levier essentiel pour réduire la mortalité et les complications.
Enfin, une meilleure sensibilisation du grand public est indispensable. De nombreuses femmes ne s’identifient pas comme à risque cardio-vasculaire, ce qui retarde l’adoption de comportements protecteurs, comme le suivi régulier de la pression artérielle, du cholestérol, ou la pratique d’une activité physique régulière.
Un engagement fort de la Fondation Cœur et Recherche
Face à ces constats, la Fondation Cœur et Recherche s’emploie à promouvoir une prise en charge plus équitable et mieux adaptée. Elle soutient activement des projets de recherche centrés sur les différences de genre en santé cardio-vasculaire, tout en menant des actions d'information destinées au grand public et aux professionnels de santé.
Elle appelle également à une mobilisation institutionnelle afin de faire de la santé cardiaque des femmes une priorité. À l’échelle européenne, cet engagement vise à pallier le désengagement observé dans d’autres régions, notamment aux États-Unis, où certaines politiques spécifiques ont été abandonnées. La Fondation ambitionne ainsi de faire de la France un modèle de référence en matière de prévention et de traitement des pathologies cardio-vasculaires chez les femmes.