Papillomavirus : ces pays moins touchés par le cancer grâce à la vaccination et au dépistage

Dans certains pays, les dernières données épidémiologiques laissent entrevoir une possible élimination du cancer du col de l’utérus. Un progrès qui résulte de stratégies coordonnées mêlant prévention vaccinale et dépistage systématique.

Jade Blachier
By Jade Blachier Published on 15 avril 2025 11h40
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Papillomavirus : ces pays moins touchés par le cancer grâce à la vaccination et au dépistage © Shutterstock

Le 15 avril 2025, plusieurs institutions sanitaires européennes et internationales ont mis en lumière les avancées significatives de certains pays dans la lutte contre le cancer du col de l’utérus. Le Danemark et la Suède se distinguent particulièrement par des résultats qui pourraient, à moyen terme, aboutir à l’élimination de ce cancer comme problème de santé publique. Ces progrès reposent sur la généralisation du vaccin contre le papillomavirus humain (HPV) et la mise en œuvre de programmes de dépistage bien structurés.

Vers une possible élimination du cancer du col de l’utérus au Danemark

Le Danemark figure parmi les pays ayant obtenu les résultats les plus encourageants dans la prévention du cancer du col de l’utérus. Selon les autorités sanitaires nationales, l’incidence de ce cancer y est désormais inférieure à 10 cas pour 100 000 femmes par an. Ce chiffre constitue une avancée notable, mais il reste au-dessus du seuil de 4 pour 100 000 fixé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) comme critère d’élimination.

La politique de prévention danoise repose principalement sur deux leviers. D’une part, le pays a introduit dès 2008/2009 une vaccination gratuite contre le HPV pour les jeunes filles, étendue en 2019 aux garçons. En 2025, la couverture vaccinale atteint 89 % pour la première dose chez les enfants de 12 ans, un niveau proche de la cible de 90 % recommandée par l’OMS. D’autre part, un programme national de dépistage cytologique régulier est proposé aux femmes adultes. Actuellement, 60 % des femmes participent à ce dépistage, avec un objectif fixé à 70 %.

Ces efforts conjoints ont permis de réduire fortement l’incidence des lésions précancéreuses, avec un impact mesurable sur la dynamique de la maladie à l’échelle nationale. Les données récentes suggèrent qu’en maintenant ces efforts, le Danemark pourrait atteindre le seuil d’élimination d’ici à 2040, voire avant.

Une dynamique similaire en Suède, avec une échéance plus proche

La Suède présente un profil comparable, bien que les ambitions soient encore plus avancées en termes de calendrier. Les Centres régionaux de cancérologie du pays visent une élimination possible du cancer du col de l’utérus dès 2027. Comme au Danemark, la vaccination contre le HPV est intégrée au calendrier vaccinal national et proposée gratuitement aux jeunes filles et garçons.

La couverture vaccinale y est particulièrement élevée, et le dépistage organisé par frottis cervico-utérin ou tests HPV est largement intégré au parcours de soins. Cette politique de santé publique repose sur une forte sensibilisation de la population, une accessibilité élargie aux services de prévention et une coordination renforcée entre les institutions locales et nationales.

Ces performances témoignent de l’efficacité d’une stratégie combinée, en conformité avec le modèle recommandé par l’OMS : 90 % de couverture vaccinale, 70 % de participation au dépistage et 90 % de prise en charge des femmes atteintes de lésions précancéreuses ou de cancers invasifs.

Le cancer du col de l’utérus en France : état des lieux et perspectives

En France, le cancer du col de l’utérus reste un enjeu majeur de santé publique. Chaque année, environ 3 000 femmes développent cette pathologie, et un millier en décèdent. Bien que des mesures de prévention soient en place, leur efficacité reste freinée par une couverture insuffisante, en particulier sur le plan vaccinal.

La vaccination contre le HPV est recommandée pour les filles et les garçons dès l’âge de 11 ans. Toutefois, jusqu’en 2023, la couverture vaccinale restait largement en deçà des objectifs. Une amélioration notable a été observée entre juin 2023 et juin 2024, avec une progression de 22 points chez les garçons et 24 points chez les filles. Malgré cela, le taux global reste inférieur aux recommandations internationales.

Une première campagne nationale de vaccination en milieu scolaire a été lancée à la rentrée 2023, ciblant les collégiens de 5e. Elle a abouti à un taux de participation limité à 10 %. Une seconde campagne a été engagée en septembre 2024, avec l’objectif d’atteindre 30 %, illustrant la nécessité d’une mobilisation accrue des institutions et des familles.

Concernant le dépistage, les recommandations françaises prévoient un frottis tous les trois ans entre 25 et 65 ans, après deux examens annuels normaux. Toutefois, la participation au dépistage reste hétérogène selon les territoires et les catégories socio-économiques, ce qui freine les effets protecteurs escomptés à l’échelle nationale.

Un cadre international structuré : la stratégie de l’OMS

Face à la persistance des inégalités d’accès aux outils de prévention, l’OMS a lancé dès 2020 une initiative mondiale visant à éliminer le cancer du col de l’utérus comme problème de santé publique. Cette stratégie repose sur le respect d’objectifs précis à atteindre d’ici 2030, dits "90-70-90" :

  • 90 % des jeunes filles vaccinées contre le HPV avant l’âge de 15 ans,

  • 70 % des femmes dépistées avec un test performant avant 35 ans et à nouveau à 45 ans,

  • 90 % des femmes avec des lésions précancéreuses ou un cancer invasif correctement prises en charge.

Selon les projections de l’OMS, l’atteinte de ces seuils pourrait permettre d’éliminer le cancer du col de l’utérus dans tous les pays au cours du siècle. Toutefois, en 2022, près de 350 000 femmes sont décédées de cette pathologie dans le monde, dont 94 % dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Ces chiffres témoignent de l’importance d’un déploiement équitable des ressources et d’une coopération internationale renforcée.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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