La chaîne d’information CNN publiait, le 26 janvier dernier, un article alertant sur les effets délétères de l’utilisation du téléphone comme réveil. Derrière cette pratique banale se cache un cocktail de perturbations pour le sommeil, que les experts de la santé déconseillent de plus en plus vivement
Pourquoi votre smartphone nuit à votre sommeil quand il vous sert de réveil

Un réveil qui vous empêche de dormir
Utiliser son téléphone pour se réveiller peut sembler anodin. Mais la lumière bleue émise par les écrans de smartphone perturbe la production de mélatonine, l’hormone clé de l’endormissement. À cela s’ajoute la tentation permanente : notifications, réseaux sociaux, actualités. Difficile de résister à un dernier coup d’œil avant de dormir... qui finit souvent par grignoter une heure entière.
« Avoir son téléphone dans une autre pièce réduit fortement les risques de distraction et de procrastination du sommeil », souligne la Dre Shalini Paruthi, médecin spécialiste en médecine du sommeil à l’hôpital John J. Cochran de Saint-Louis sur CNN. Ce réflexe digital transforme les dernières minutes de la journée en surcharge cognitive. Loin d’apaiser, le smartphone stimule. Et le sommeil en paie le prix.
Le bouton “snooze” : fausse bonne idée, vrai sabotage
Appuyer encore, et encore. Cinq minutes de plus. Dix. Mais ce gain apparent est une perte nette. Le Dr Joseph Dzierzewski, de la National Sleep Foundation, est formel : « Quand on n’a pas eu assez de sommeil ou que sa qualité était mauvaise, il est peu probable que 5 à 10 minutes de plus fassent une vraie différence ». Plus inquiétant encore, le réveil fragmenté empêche l’organisme de finir son cycle de sommeil paradoxal, crucial pour la mémoire et la récupération mentale.
Selon une étude relayée par Ça m’intéresse le 19 mai 2025, l’Université de l’État de Virginie a même observé une hausse moyenne de 74 % de la pression artérielle chez les personnes réveillées par une alarme brutale. Un stress physiologique net, surtout chez les individus présentant des fragilités cardiovasculaires. La répétition du “snooze” devient alors un saboteur invisible, perturbant la synchronisation circadienne du corps. Mieux vaut se lever dès la première alarme, même si cela exige un effort.
« Le fait d’avoir un téléphone à proximité augmente le risque de l’utiliser »
Le smartphone dans la chambre, ce n’est pas juste un outil, c’est un stimulus constant. Pour le cerveau, sa simple présence peut générer de l’anticipation, de la curiosité, voire de l’anxiété. « Le fait d’avoir un téléphone à proximité augmente le risque de l’utiliser, souvent sans raison valable », observe à juste titre le Dr Dzierzewski.
Quant à la Dre Paruthi, elle alerte sur un phénomène courant : « Si mon téléphone est dans une autre pièce, je suis moins tentée de sortir de sous ma couette chaude, et je dors deux heures de plus, entre 22h et minuit. Ces heures me sont nécessaires ». Résultat ? Le sommeil se raccourcit, se fragmente, et la qualité de repos se détériore. Et tout cela pour une alarme facilement remplaçable par un dispositif bien plus neutre.
Des alternatives simples pour des nuits réparatrices
Face à ce constat, la solution est claire, reléguer le smartphone hors de la chambre. Un réveil classique, voire un simulateur d’aube, permet de sortir du sommeil en douceur sans agression sonore ni lumière artificielle bleutée. Le Dr Jonathan Taieb, directeur de l’Institut médical du sommeil à Paris, recommande dans Ça m’intéresse de maintenir des horaires de coucher et de lever réguliers, même le week-end : « Une heure de différence au maximum, sinon cela perturbe le sommeil du dimanche soir et le début de semaine ».
L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) rappelle également que les troubles du sommeil peuvent engendrer irritabilité, troubles de l’humeur et même prise de poids. Le choix d’un bon réveil n’est donc pas une simple affaire de commodité, c’est un levier sanitaire.