Une enquête récente de l’association UFC-Que Choisir révèle une contamination massive des bouquets de fleurs par des pesticides, certains interdits en Europe. Ces substances, invisibles à l’œil nu, posent un risque sanitaire préoccupant pour les consommateurs et les fleuristes.
Saint Valentin : le bouquet de fleurs, un cadeau littéralement empoisonné ?

Le 14 février 2025, pour la St Valentin, une étude de l’association UFC-Que Choisir a mis en évidence une contamination totale des fleurs testées. Selon l’enquête, chaque bouquet analysé contenait entre sept et quarante-six résidus de pesticides, dont certains cancérogènes et perturbateurs endocriniens. Face à cette situation alarmante, les professionnels de la santé et les associations de défense des consommateurs tirent la sonnette d’alarme.
Une contamination généralisée : que dit l’enquête de l’UFC-Que Choisir ?
L’étude menée par UFC-Que Choisir est sans appel. Tous les bouquets testés, qu’il s’agisse de roses, de gerberas ou de chrysanthèmes, contiennent des pesticides dangereux. Certains échantillons affichaient jusqu’à quarante-six résidus chimiques différents. Parmi ces substances, douze sont suspectées ou confirmées comme cancérogènes ou perturbatrices du système endocrinien, ce qui soulève une inquiétude légitime quant aux effets sur la santé. Ces résultats concernent aussi bien les fleurs achetées en boutique que celles vendues en grande distribution ou sur Internet. Même les bouquets d’origine française ne sont pas épargnés, certains présentant jusqu’à quatorze résidus de pesticides. Ce constat questionne l’absence de réglementation stricte sur les traitements appliqués aux fleurs destinées à la vente.
Des conséquences inquiétantes pour la santé
Les pesticides présents sur les fleurs ne sont pas anodins. Lorsque les consommateurs respirent leur parfum, ils inhalent des substances toxiques. Lorsqu’ils les manipulent, ces substances se déposent sur la peau et peuvent pénétrer l’organisme. A la maison, ces résidus se dispersent sur les meubles et les vêtements, prolongeant l’exposition au quotidien. Parmi les substances identifiées, plusieurs sont reconnues comme perturbateurs endocriniens et cancérogènes avérés.
L’exposition prolongée à ces produits est particulièrement préoccupante pour les professionnels du secteur. Une étude belge menée en 2019 a révélé que les fleuristes présentaient dans leurs urines une concentration de pesticides deux fois plus élevée que la moyenne de la population. L’histoire tragique d’Emmy, une fillette de onze ans décédée d’une leucémie après avoir été exposée in utero aux pesticides manipulés par sa mère, fleuriste, rappelle les dangers de ces substances chimiques. Selon Henri Bastos, directeur scientifique à l’Anses, il est incompréhensible que des substances interdites en agriculture alimentaire soient encore tolérées dans l’horticulture, mettant en péril la santé publique.
D’où viennent ces fleurs contaminées ? Un marché sous influence
La majorité des fleurs commercialisées en France provient de l’étranger. Les Pays-Bas, qui dominent le marché de la revente en Europe, importent massivement des fleurs cultivées en Amérique latine et en Afrique, où les pesticides interdits en Europe restent largement utilisés. En Colombie, en Équateur et au Kenya, les traitements chimiques appliqués aux cultures de fleurs incluent des fongicides et insecticides toxiques, ainsi que des néonicotinoïdes interdits en Union européenne. Ces produits garantissent une conservation prolongée des fleurs afin qu’elles résistent au transport et conservent une apparence fraîche à leur arrivée en magasin.
Contrairement aux fruits et légumes, il n’existe aucune limite légale concernant la présence de résidus de pesticides dans les fleurs coupées. Ce vide juridique permet à des substances interdites dans l’alimentation de circuler librement dans le commerce des fleurs, sans aucun contrôle strict. L’UFC-Que Choisir appelle donc à l’instauration d’une réglementation stricte sur les importations et à un renforcement des contrôles aux frontières pour empêcher la circulation de fleurs traitées avec des produits chimiques dangereux.
Quelles solutions pour une Saint-Valentin plus responsable ?
Face à ce constat, plusieurs alternatives permettent de réduire l’exposition aux pesticides et de privilégier une consommation plus responsable. Acheter des fleurs françaises et certifiées biologiques constitue une première solution. Les fleurs issues de cultures locales ne subissent pas de traitements chimiques intensifs et permettent de limiter l’impact environnemental lié à leur transport.
L’instauration d’un étiquetage obligatoire sur l’origine et les traitements chimiques subis par les fleurs offrirait une meilleure transparence aux consommateurs. L’UFC-Que Choisir milite également pour l’interdiction des importations de fleurs traitées avec des pesticides interdits en Europe.