Après la vente de sa filiale Opella, qui commercialise notamment le Doliprane, Sanofi poursuit la restructuration de ses activités en annonçant la cession de son usine d’Amilly, dédiée à la fabrication de médicaments à base d’aspirine. Une décision qui suscite des inquiétudes, tant sur l’emploi que sur l’approvisionnement en médicaments essentiels. Dont le Kardegic utilisé dans le traitement des maladies cardiaques.
Médicaments : après le paracétamol, vers une pénurie d’aspirine en France ?

Sanofi cède son usine d’Amilly : une stratégie risquée pour l’industrie pharmaceutique ?
Le 13 mars 2025, Sanofi a confirmé son intention de vendre son usine d’Amilly, située dans le Loiret, où sont fabriqués les médicaments à base d’aspirine des marques Aspegic et Kardegic. Cette annonce intervient quelques mois après la cession d’Opella, sa filiale dédiée aux médicaments sans ordonnance, à un fonds d’investissement américain.
Sanofi justifie cette décision par une volonté de recentrer ses activités sur les médicaments innovants et les vaccins. Selon les déclarations officielles, l’usine d’Amilly ne correspond plus aux nouvelles orientations stratégiques du groupe. Le site, en activité depuis 1961, devrait être repris par Astrea Pharma, un sous-traitant pharmaceutique, tandis que la commercialisation des produits (Aspegic, Kardegic et Cardirene) reviendrait à l’entreprise française Substipharm.
Mais alors que Sanofi assure que cette transition n’aura aucun impact sur l’emploi des 276 collaborateurs du site, plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer une incertitude grandissante. Le député Thomas Menagé (Rassemblement national du Loiret) a rappelé que cette usine est la seule en Europe à synthétiser le principe actif du Kardegic, un médicament utilisé pour la prévention des maladies cardiovasculaires, avec 27 millions de boîtes vendues chaque année.
Aspégic, Kardégic... Un risque de pénurie pour les médicaments à base d’aspirine ?
La fermeture ou la restructuration d’usines pharmaceutiques en France a souvent conduit à des problèmes d’approvisionnement. Récemment, la vente d’Opella à CD&R a entraîné des tensions sur la distribution du Doliprane, malgré les assurances initiales. Cette fois, le gouvernement, par la voix du ministre de l'Économie Eric Lombard, tente de rassurer en affirmant suivre ce dossier.
Si le cas du Doliprane a mis en évidence la fragilité des engagements pris lors de ces cessions, rien ne garantit que la situation ne se reproduira pas avec Aspegic et Kardegic.
Un contexte de restructuration inquiétant pour le secteur
La vente de l’usine d’Amilly s’inscrit dans une tendance inquiétante de désengagement des grands groupes pharmaceutiques de la production de médicaments courants. Ce phénomène n’est pas anodin : ces médicaments, bien que peu rentables en comparaison des traitements innovants, restent essentiels pour la santé publique.
Sanofi défend une stratégie tournée vers l’innovation, mais au détriment de la production de médicaments courants. Si le groupe assure que l’emploi et l’approvisionnement ne seront pas affectés par la vente de l’usine d’Amilly, le précédent du Doliprane laisse craindre des tensions sur la distribution des médicaments concernés.
Alors que l’État affirme avoir obtenu des garanties, aucune sanction contraignante n’a été prévue pour s’assurer du respect des engagements pris. En cas de rupture d’approvisionnement ou d’augmentation des prix, il sera difficile de faire machine arrière.