Infirmiers en pratique avancée : ce qu’ils peuvent désormais prescrire

Un changement attendu entre dans sa phase d’application. Les infirmiers en pratique avancée disposent désormais d’un cadre réglementaire clair pour initier des prescriptions. Un pas supplémentaire dans la transformation de l’organisation des soins.

Jade Blachier
By Jade Blachier Published on 6 mai 2025 15h22
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Infirmiers en pratique avancée : ce qu’ils peuvent désormais prescrire © Shutterstock

Le 25 avril 2025, un arrêté ministériel publié au Journal officiel a officialisé les conditions dans lesquelles les infirmiers en pratique avancée (IPA) peuvent, pour la première fois, prescrire de manière autonome certains produits de santé et prestations. Ce texte d’application s’inscrit dans la continuité de la loi du 19 mai 2023 et du décret du 20 janvier 2025. Il marque un tournant pour ces professionnels formés à un niveau master et dont le rôle ne cesse d’évoluer au sein des équipes pluriprofessionnelles.

Un cadre de prescription désormais défini

L’arrêté du 25 avril 2025 précise les produits et prestations que les infirmiers en pratique avancée sont autorisés à prescrire, dans le cadre de leur domaine d’intervention. Il vient compléter les dispositions du décret du 20 janvier 2025 qui avait déjà ouvert l’accès direct aux IPA dans certains établissements, sans prescription préalable du médecin.

La liste des éléments prescriptibles est structurée en deux parties : une première, commune à l’ensemble des IPA, et une seconde, spécifique à chaque domaine d'exercice (soins primaires, oncologie, néphrologie, psychiatrie, médecine d’urgence). Parmi les éléments autorisés figurent notamment certains médicaments à prescription obligatoire, des dispositifs médicaux simples, des examens biologiques, des actes de prévention et des transports sanitaires. Sous condition de formation, l’IPA peut également prescrire certains antibiotiques à la suite d’un test d’orientation diagnostique positif.

La possibilité de prescrire des arrêts de travail d’une durée maximale de trois jours est également prévue dans le texte, tout comme celle de proposer des programmes d’activité physique adaptée.

Des conditions d’exercice encadrées

Le droit de prescription ne s’applique qu’aux IPA exerçant dans des structures reconnues : établissements de santé, centres de santé, structures médico-sociales ou dispositifs d’exercice coordonné. Les infirmiers en pratique avancée exerçant en libéral ne sont pour l’instant pas concernés, en l’absence d’accord conventionnel avec l’Assurance maladie. Cette question reste à l’étude dans le cadre des négociations à venir.

Le texte précise par ailleurs que les prescriptions initiées par un IPA doivent, sauf exception dans le cadre de l’urgence, faire l’objet d’une concertation avec un médecin en cas de renouvellement. Ce principe vise à garantir la continuité et la cohérence du parcours de soins.

Certaines prescriptions sont également conditionnées par un diagnostic médical préalable, en particulier lorsqu’il s’agit de pathologies complexes ou de situations cliniques nécessitant une évaluation pluridisciplinaire.

Une évolution alignée sur les besoins du système de santé

L’extension du champ de compétences des IPA s’inscrit dans une stratégie plus large de réorganisation de l’offre de soins, en réponse aux tensions persistantes dans certaines régions, et plus largement à la transformation des besoins en santé publique. Le développement des métiers intermédiaires, tels que celui d’infirmier en pratique avancée, constitue une réponse à la fois structurelle et fonctionnelle à la problématique de l’accès aux soins.

En permettant à ces professionnels d’initier certaines prises en charge de façon autonome, le système de santé gagne en réactivité, en fluidité et en capacité d’adaptation. Le rôle de l’IPA ne se substitue pas à celui du médecin, mais vient en complément, dans une logique de délégation encadrée et de coordination renforcée.

Les acteurs de terrain soulignent les bénéfices immédiats pour les patients, notamment en matière de réduction des délais d’accès aux soins courants, de prise en charge précoce de certaines pathologies, et de continuité dans le suivi thérapeutique. Cette évolution est également perçue comme une reconnaissance des compétences spécifiques des IPA, dont la formation et l’expertise sont désormais valorisées dans l’organisation des soins.

Un déploiement progressif et évalué

La montée en charge du dispositif se poursuit. Selon les chiffres communiqués, la France comptait environ 3 000 IPA début 2025. Ce nombre devrait atteindre 4 000 à l’été, grâce à l’arrivée de nouveaux diplômés. Depuis la création du statut en 2018, le nombre de professionnels formés n’a cessé d’augmenter, tout en restant encore en deçà des besoins identifiés sur le terrain.

L’évaluation de l’impact de cette réforme sur les parcours de soins, la qualité de prise en charge et la coordination entre professionnels fera l’objet d’un suivi régulier, notamment dans le cadre de l’expérimentation prévue par la loi du 19 mai 2023.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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