Deux jours obligatoires pour tous les médecins : le plan pour les déserts médicaux

La question de l’accès aux soins dans les territoires en tension reste un défi sanitaire majeur. Le gouvernement a dévoilé un nouveau plan national fondé sur la mutualisation des ressources humaines médicales et la réorganisation partielle de la formation. Voici les contours de cette réforme d’ampleur.

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By La rédaction Santé Matin Published on 25 avril 2025 12h59
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Deux jours obligatoires pour tous les médecins : le plan pour les déserts médicaux © Shutterstock

Le 25 avril 2025, le Premier ministre François Bayrou a présenté un ensemble de mesures destiné à répondre à la persistance des déserts médicaux. Cette réforme entend articuler solidarité, encadrement des parcours universitaires, et réaménagement de la présence médicale dans les zones les plus fragiles. L’annonce a été faite depuis le Cantal, région elle-même concernée par des tensions d’accès aux soins.

Déserts médicaux : un dispositif de solidarité médicale territoriale

Point central du plan gouvernemental, la création d’une « mission de solidarité territoriale individuelle » vise à engager tous les médecins dans une démarche collective de réponse aux besoins de soins non couverts.

Chaque praticien libéral, qu’il soit généraliste ou spécialiste, devra consacrer jusqu’à deux jours par mois à la réalisation de consultations avancées dans les zones prioritaires définies par les Agences Régionales de Santé (ARS), en coordination avec les préfets et les élus locaux.

« Plutôt que de retenir des solutions reposant sur la contrainte à l’installation des médecins, ce plan introduit notamment, pour la première fois dans notre système de santé, le principe d’une solidarité territoriale », a expliqué François Bayrou cité par Le Parisien, le 25 avril 2025.

Les professionnels concernés bénéficieront d’un remplacement temporaire dans leur cabinet principal, ainsi que de compensations financières à préciser. Des mécanismes de sanction sont envisagés pour ceux qui refuseraient de participer.

Déserts médicaux : mobilisation des internes, réforme universitaire et adaptation des compétences

Le gouvernement entend coupler ce dispositif à une mobilisation importante des docteurs juniors — ces internes de dernière année — qui seront affectés dans les zones déficitaires pour y effectuer 15 millions de consultations annuelles supplémentaires. L’objectif global du plan est de porter à 45 millions le nombre de consultations rendues accessibles dans les déserts médicaux.

Du côté de la formation, le projet intègre plusieurs ajustements :

  • À compter de la rentrée 2026, tous les étudiants en médecine devront effectuer un stage en zone sous-dotée.
  • Des campus universitaires de santé seront déployés dans chaque département pour favoriser l’implantation future des jeunes praticiens.
  • Les médecins à diplôme hors Union européenne (Padhue) bénéficieront d’un parcours d’intégration accéléré.
  • Le numerus apertus sera modifié pour garantir un plancher de places disponibles dès la première année de santé.

D’autres mesures accompagnent cette réforme : développement des assistants médicaux, suppression des certificats médicaux redondants, et extension des compétences des pharmaciens (ex : renouvellement d’ordonnance en cas de rhinite allergique).

Déserts médicaux : continuité des soins et refus de la contrainte à l’installation

Une des évolutions notables de cette réforme réside dans le renoncement à toute restriction de la liberté d’installation des médecins, pourtant envisagée dans une proposition de loi transpartisane. Comme le précise Les Échos, l’exécutif choisit de maintenir cette liberté tout en organisant une présence médicale planifiée dans les territoires sous-dotés.

Le recours à la réquisition pour les gardes de nuit et de week-end est confirmé en cas de carence. À noter que cette obligation de garde, supprimée en 2003, pourrait être réintroduite via un cadre législatif en cours d’examen. Enfin, une cartographie précise des zones rouges doit être finalisée d’ici fin mai 2025 pour faciliter l’application des mesures.

La stratégie du gouvernement s’inscrit dans une logique d’optimisation du maillage sanitaire à l’échelle nationale. L’articulation entre dispositifs solidaires, incitations universitaires, et révision du modèle de garde vise à répondre à un enjeu de santé publique durable : garantir une présence médicale effective sur l’ensemble du territoire français.

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