Contaminations bactériennes : les autorités inspectent les usines Perrier

La contamination de plusieurs eaux en bouteille, dont celle produite sur le site de Vergèze pour Perrier, a conduit le ministère de la Santé à déclencher un vaste plan d’inspection des usines de conditionnement. Cette décision marque un tournant dans la politique de contrôle sanitaire des eaux minérales en France.

Jade Blachier
By Jade Blachier Published on 26 mai 2025 10h31
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Contaminations bactériennes : les autorités inspectent les usines Perrier © Shutterstock

Le 25 mai 2025, une circulaire ministérielle a été adressée aux agences régionales de santé pour organiser des contrôles renforcés dans toutes les installations produisant de l’eau minérale ou de source. À l’origine de cette mesure : la découverte de bactéries pathogènes dans plusieurs produits commercialisés, en particulier ceux de la marque Perrier. Le site de Vergèze, dans le Gard, est particulièrement concerné par ces constats sanitaires, et pourrait faire l’objet de mesures administratives strictes si les inspections révèlent des manquements.

Une mesure sanitaire motivée par des contaminations récurrentes

Depuis plusieurs mois, des analyses ont mis en évidence la présence de micro-organismes dangereux pour la santé dans certaines bouteilles d’eau issues de forages utilisés par Nestlé Waters France. Il s’agit notamment de bactéries telles qu’Escherichia coli, entérocoques, coliformes fécaux ou encore Pseudomonas aeruginosa. Ces germes sont connus pour leur potentiel pathogène et leur présence indique une contamination d’origine humaine ou animale.

La préfecture du Gard a d’ailleurs ordonné, ces dernières semaines, le retrait du marché de centaines de milliers de bouteilles Perrier jugées non conformes. Ces mesures ont été prises à titre de précaution sanitaire, conformément aux recommandations en vigueur.

Garantir la pureté originelle : une exigence au cœur du dispositif

La réglementation française impose que toute eau minérale naturelle conserve une « pureté originelle », sans traitement de désinfection. Contrairement à l’eau potable classique, l’eau minérale ne peut faire l’objet d’un processus correctif visant à éliminer les germes pathogènes après leur détection. Elle doit donc être exempte de toute contamination dès le prélèvement à la source.

Le plan d’inspection lancé par le ministère de la Santé vise à vérifier le respect strict de cette exigence. Chaque usine devra faire l’objet d’au moins une inspection d’ici à 2026, sous la supervision conjointe des agences régionales de santé et des services préfectoraux.

Le site de Vergèze : une situation préoccupante

Parmi les sites les plus surveillés figure celui de Vergèze, dans le Gard, d’où est issue la célèbre eau Perrier. Ce site a été signalé dans plusieurs rapports d’expertise pour des non-conformités sanitaires. En novembre 2022, une inspection a révélé la présence de bactéries dans les forages. Depuis, plusieurs alertes ont été émises, et des lots ont été détruits par mesure de précaution.

Les analyses ont également relevé l’utilisation de procédés techniques interdits, comme la microfiltration à seuils inférieurs à 0,8 micron, qui pourraient altérer la nature de l’eau minérale. Ce type de filtration est interdit car il peut être assimilé à un traitement désinfectant, ce qui est contraire à la définition même de l’eau minérale naturelle.

Conséquences sanitaires et réglementaires en cas d’irrégularités

La circulaire rappelle que tout manquement aux critères définissant une eau minérale naturelle entraîne l’obligation de retirer la qualification du produit. En cas de danger avéré, les autorités sanitaires peuvent suspendre temporairement ou définitivement l’activité du site concerné. Le code de la santé publique prévoit également des sanctions pénales, dont des amendes et, dans certains cas, des peines d’emprisonnement.

Ces mesures visent à prévenir tout risque pour la santé des consommateurs. Elles répondent à un principe fondamental : éviter que des eaux non conformes n’entrent dans la chaîne de consommation, comme ça a pu être le cas avec les bouteilles Perrier.

Une meilleure coordination des acteurs de la santé publique

Au-delà de la gestion immédiate du risque, cette affaire met en lumière la nécessité de renforcer les dispositifs de veille sanitaire. Elle souligne aussi l’importance d’une meilleure communication entre les industriels, les agences de santé et les consommateurs.

Des voix s’élèvent pour appeler à plus de transparence sur les méthodes de traitement utilisées dans les usines d’embouteillage. Le rôle des ARS, mais aussi celui de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), est ici essentiel pour évaluer les risques, valider les protocoles et accompagner les autorités dans leur décision.

Un enjeu de santé publique de première importance

La consommation d’eau minérale est largement répandue en France. Elle repose sur une confiance implicite dans la qualité du produit et la rigueur des contrôles. Le scandale actuel rappelle que cette confiance repose sur des mécanismes de contrôle continus, et qu’elle peut être fragilisée par des pratiques industrielles non conformes.

La démarche entreprise par le ministère de la Santé vise à rétablir cette confiance en renforçant les mécanismes de vérification, dans une logique de prévention des risques sanitaires. On verra comment l'usine de Vergèze pour Perrier encaissera le coup d'une fermeture, ou non.

Jade Blachier

Diplômée en Information Communication, journaliste alternante chez Economie Matin.

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