La perception des personnes âgées par la société française continue d’évoluer. Un nouveau baromètre révèle des écarts notables entre la réalité du vieillissement et les représentations collectives.
Fin de vie, autonomie, santé : que veulent vraiment les personnes âgées ?

Le 29 avril 2025, la Fondation MUTAC, en collaboration avec l’institut BVA Xsight, a publié la deuxième édition de son Baromètre Idées Reçues sur les personnes Âgées (BIRA). Réalisée à l’occasion de la Journée européenne de la solidarité intergénérationnelle, cette étude offre une photographie détaillée des représentations sociales des personnes âgées en France, dans un contexte marqué par les débats sur la fin de vie et les évolutions démographiques.
Une perception souvent éloignée de la réalité des personnes âgées
Selon les données recueillies, une part significative de la population française considère que les personnes âgées pèsent sur les finances publiques. En effet, 39 % des sondés estiment que les seniors représentent un coût important pour l’État, et 14 % jugent que les dépenses qui leur sont consacrées sont excessives par rapport à d’autres priorités. Cette perception est particulièrement marquée chez les jeunes adultes de 18 à 29 ans, où près de six personnes sur dix partagent cette opinion.
Cependant, ces impressions contrastent avec les réalités économiques. La pauvreté parmi les plus de 65 ans a progressé ces dernières années, comme l'ont souligné des études indépendantes. Ces éléments montrent que les difficultés rencontrées par cette population restent parfois sous-estimées.
Âgisme et discriminations : un phénomène encore présent dans la société française
Le baromètre met également en lumière la persistance des discriminations liées à l'âge, aussi bien dans le cadre professionnel que dans la vie quotidienne. Près d'une personne sur deux rapporte avoir déjà ressenti que son âge constituait un obstacle dans son environnement de travail. Les préjugés ne se limitent pas au domaine professionnel : dans les loisirs et les transports publics, de nombreux seniors témoignent d’expériences de discrimination qui limitent parfois leur mobilité et leur participation sociale.
Un autre décalage important concerne la perception de la dépendance. Alors que l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) évalue à environ 15 % la part des seniors en situation de perte d'autonomie, la population française l’estime en moyenne à 37 %, une surestimation significative, notamment chez les plus jeunes.
Une implication forte des seniors dans la vie associative et sociale
En dépit des stéréotypes persistants, les personnes âgées démontrent un engagement soutenu dans la vie collective. Selon l’étude, plus de la moitié des Français âgés de 70 ans et plus participent à des activités associatives, caritatives ou de bénévolat. Cet investissement démontre l'importance du rôle des seniors dans la préservation du lien social et dans la dynamique communautaire.
Des initiatives telles que le projet ShareAmi, porté par l'association Oldyssey, témoignent de cette volonté d'engagement : ce programme favorise les échanges linguistiques intergénérationnels par visioconférence, mettant en relation jeunes apprenants du français et seniors francophones.
Vieillir chez soi : une aspiration largement partagée
Le souhait de rester à domicile le plus longtemps possible est largement exprimé par les Français. D'après le baromètre, 63 % considèrent que le domicile est l’environnement idéal pour vieillir, un pourcentage qui atteint 85 % parmi les retraités. Cette préférence intervient alors que les débats législatifs autour de la fin de vie, notamment sur la légalisation d'une aide à mourir et le développement des soins palliatifs, sont particulièrement actifs.
Cependant, malgré cette aspiration, 60 % des décès continuent de survenir à l'hôpital, soulignant un écart entre les souhaits des personnes âgées et l'organisation actuelle du système de santé.
Maintien de l'autonomie et enjeux de santé publique
La préservation de l’autonomie est perçue comme essentielle par 67 % des personnes âgées de plus de 50 ans. Cette priorité implique des défis majeurs pour la santé publique, notamment en matière d’organisation des soins, de soutien à domicile et de structuration du secteur médico-social. Selon des projections, près de 800 000 professionnels supplémentaires seront nécessaires d’ici 2030 pour répondre aux besoins liés au vieillissement de la population.
La reconnaissance de ces besoins, tout comme la valorisation des métiers de l’accompagnement, constitue un levier essentiel pour accompagner le vieillissement dans des conditions respectueuses de la dignité et du choix de vie des seniors.
Des représentations à réajuster pour mieux accompagner le vieillissement
Le Baromètre BIRA 2025 met en lumière un paradoxe : alors que les personnes âgées participent activement à la vie sociale et associative, elles continuent d’être victimes de stéréotypes tenaces. Mieux comprendre la réalité du vieillissement, reconnaître les aspirations des seniors à vivre chez eux et soutenir leur autonomie doivent devenir des priorités pour construire une société réellement inclusive.