Automédication, attention danger

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Par Rédacteur Modifié le 14 avril 2023 à 11h24
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Les Français sont de plus en plus nombreux à se soigner par eux-mêmes ou, pire, à tenter des actes de médecine esthétique low cost réalisés par de simples connaissances ou des pseudo-spécialistes recrutés sur les réseaux sociaux. Pour éviter les risques de telles pratiques, il convient de toujours prendre conseil auprès de professionnels de santé diplômés et exerçant dans un strict cadre réglementaire et sanitaire.

Un mal de tête ? Un comprimé d'aspirine, de paracétamol ou d'ibuprofène. Une méchante toux qui s'installe ? Une gorgée de sirop. Un mal de ventre passager ? Une gélule ou un comprimé effervescent. Un bobo ou une irritation cutanée ? Vite, une pommade. Quotidiens, banals et depuis bien longtemps rentrés dans les mœurs, ces divers réflexes relèvent tous de l'automédication. Une pratique qui concernerait huit Français sur dix, définie par le conseil de l'ordre des médecins comme « l’utilisation, hors prescription médicale, par des personnes pour elles-mêmes ou pour leurs proches et de leur propre initiative, de médicaments considérés comme tels et ayant reçu l’autorisation de mise sur le marché avec la possibilité d’assistance et de conseils de la part des pharmaciens ».

L'automédication, une pratique non dénuée de risques

Si elle pesait déjà, en 2009, 1,6 milliard d'euros et 6,5% du marché français des médicaments, l'automédication demeure une pratique qui doit répondre à certains critères. Évidemment, elle doit être réservée aux pathologies bénignes, dont les symptômes sont simples, bien connus et peu handicapants. De plus, l'automédication ne doit jamais dépasser quelques jours et doit toujours se faire en respectant la posologie indiquée sur la notice ainsi que les précautions d'emploi. Enfin, il faut toujours veiller à l'absence d'interactions médicamenteuses et, pour cela, ne pas hésiter à demander conseil à son pharmacien, dont c'est l'une des missions. Par ailleurs, la pratique est fortement déconseillée aux personnes atteintes d'une maladie chronique ou polymédiquées, aux femmes enceintes et aux enfants.

Cependant, et même en respectant toutes ces précautions, l'automédication reste une pratique non dénuée de risques et de limites dont il faut avoir conscience. Ces dangers peuvent être dus aux médicaments eux-mêmes, en cas de toxicité ou de dépassement de la date de péremption. Ils peuvent être liés à la prise, en faisant des erreurs de posologie, en méconnaissant les effets secondaires ou en ignorant les éventuelles allergies. S'automédiquer peut également gêner le travail des professionnels de santé, en retardant un diagnostic ou en masquant certains symptômes, en faussant les résultats biologiques, voire en aggravant les maux initialement combattus. Bref, si l'automédication rend bien des services, elle présente aussi de vrais dangers, qu'il ne faut surtout pas minorer.

En médecine esthétique, « on observe le même phénomène qu'avec les médicaments vendus en ligne »

Il en va de même pour « l'automédication » en matière de médecine esthétique. Sans être aussi ancienne ni généralisée que le recours aux médicaments sans avis médical, la pratique consistant à se procurer soi-même des produits médicaux à visée esthétique – comme l'acide hyaluronique, librement accessible en pharmacie, ou le botox, que l'on peut se procurer en quelques clics sur Internet – se démocratise depuis quelques années. Surtout auprès d'un public jeune et, souvent, vulnérable, qui souhaite atteindre les standards de beauté promus par les influenceurs des réseaux sociaux. Quitte, pour cela, à faire confiance à « des personnes non diplômées (qui) s'improvisent médecin, et (qui) injectent des produits bas de gamme à des patients appâtés par des prix très attractifs », met en garde le docteur Martin Ducret.

Or, prévient le médecin au micro de France TV, « les complications peuvent être désastreuses, comme des infections, une destruction de la peau ou des douleurs persistantes ». Mieux vaut donc, poursuit le professionnel de santé, éviter de se rendre à l'étranger pour réaliser des soins esthétiques. Et, « pour minimiser les risques, consultez donc obligatoirement un médecin esthétique, inscrit au tableau de l’ordre des médecins français. En plus de bien maîtriser les techniques de cette spécialité, il pourra détecter les demandes excessives, qui malheureusement explosent chez les jeunes, influencés négativement par les réseaux sociaux » ou les forums spécialisés, où de simples quidams se prévalent d'une expertise qu'ils n'ont pas.

Dans les pages de L'Express, on apprend aussi qu’il est aujourd'hui possible de se procurer sur le Web presque toutes les marques d'acides hyaluroniques professionnelles, à l’instar de ce qui existait déjà depuis de nombreuses années avec les médicaments vendus en ligne. L’hebdomadaire révèle même des « soirées injections » organisées par certaines de ses patientes se « lançant seules » après avoir visionné de simples « tutos YouTube ». Une volonté de faire des économies, mais qui peut couter très cher….

Toujours privilégier les praticiens formés et reconnus

« Les patientes sous-estiment les connaissances et compétences que nécessite ce geste invasif et n'ont pas conscience des risques énormes qu'elles prennent », déplore encore le médecin, selon qui « lorsqu'on achète ce type de matériel en ligne, il s'agit d'un marché parallèle ou étranger. On ne sait rien de la véritable contenance de ces produits qui ne sont pas suivis, testés, ni soumis aux normes françaises ». Pour éviter tout désagrément, mieux vaut donc toujours se rendre chez un praticien sérieux, dûment formé – et à même de le démontrer, diplômes à l'appui – et reconnu ; ne pas hésiter à lui poser toutes les questions que l'on souhaite au préalable – et obtenir, facilement, les réponses adéquates – ; et s'assurer que son cabinet respecte la législation en vigueur, notamment du point de vue sanitaire.

Le praticien doit, aussi, toujours mettre en garde ses patients sur les éventuels risques et effets secondaires des opérations qu'il propose, et il doit être capable de refuser une demande manifestement irréaliste ou néfaste à long terme pour le patient. Consulter les avis en ligne peut, également, permettre d'éviter les escrocs. Enfin et surtout, il convient de faire preuve de bon sens : si les promesses sont trop belles pour être vraies, si les tarifs sont outrageusement moins chers que la concurrence ou si les conditions sanitaires semblent laisser à désirer, c'est qu'il y a, sans doute, anguille sous roche. A ce titre, il faut être extrêmement méfiant vis-à-vis des pseudo-spécialistes qui sévissent sur les réseaux sociaux et toujours privilégier les professionnels de proximité, qui ont pignon sur rue.

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