L’Association Française d’Implantologie s’inquiète pour les patients séduits par la réalisation en quelques jours d’un traitement implantaire à l’étranger et décide de réagir fermement.
Certains traitements implantaires ne sont pas conformes aux données acquises de la science médicale
Le Centre National des Soins à l’étranger indique que les assurés ont dépensé près de 12 millions d’euros1, la grande majorité des dépenses concernent des soins prothétiques (84,5% pour la Hongrie2) et implantaires.
Les patients sont incités par les plateformes spécialisées sur Internet et abusés par des publicités alléchantes qui font miroiter des réductions mirobolantes sur la pose d’implants. Oui mais c’est sans compter la somme colossale qu’il faudra rajouter lorsque les soins ne sont pas appropriés. Et sous réserve de trouver un praticien qui accepte de prendre la suite…
Les chirurgiens-dentistes et stomatologistes français sont de plus en plus confrontés à des situations médicales, juridiques et humaines compliquées face à des patients traités à l’étranger.
Médicalement, certains traitements implantaires ne sont pas conformes aux données acquises de la science médicale. Très fréquemment, aucune étude prothétique pré-implantaire n’est réalisée, ce qui veut dire que le praticien à l’étranger intervient sans projet de prothèse avant la pose chirurgicale. En conséquence, les implants ne se situent pas toujours dans une position adéquate pour soutenir la prothèse.
Dans un trop grand nombre de cas, les implants posés sont de marque inconnue ou les patients ne connaissent pas les références des implants qui ont été posés et donc, il est impossible pour un praticien français d’assurer le suivi de ces traitements.
Et par dessus tout, ces traitements implantaires sont réalisés en quelques jours, sans attendre la cicatrisation nécessaire et adaptée à chaque situation.
De retour en France, patients et praticiens se retrouvent dans une impasse.
Les praticiens français ne disposent pas des pièces prothétiques qui permettraient de réaliser la prothèse, puisque l’implant est inconnu. En présence d’une infection ou d’un inconfort, le praticien est contraint de procéder à la dépose des implants.
Dans l’hypothèse de dépose des implants, la totalité du coût du nouveau traitement est à la charge du patient.
Juridiquement, les patients se trouvent sans recours car, le plus souvent, les cabinets ou cliniques étrangers ne disposent pas d’une assurance responsabilité civile professionnelle susceptible de prendre en charge la réparation du dommage.
Humainement, il s’agit d’une fausse économie qui se paye chère pour le patient, puisqu’il n’a pas amélioré sa santé dentaire.
L’Association Française d’Implantologie met en garde les patients contre l’illusion de confier sa santé à des personnes qu’ils ne connaissent pas, ne répondant pas aux standards médicaux français et n’assurant pas le suivi des traitements et condamne fermement ces pratiques dangereuses pour la santé des patients.
1Rapport 2015 publié par le Centre national des soins à l’étranger
2Lettre de l’Ordre national des chirurgiens-dentistes numéro 151, octobre 2016