Alors que les questions nutritionnelles occupent une place croissante dans les foyers, une enquête récente met en lumière les pratiques des Français vis-à-vis de l’alimentation de leur chien. Une relation complexe entre engagement affectif, contraintes budgétaires et enjeux de santé animale.
Les Français font-ils passer la santé de leur chien avant la leur ?

Entre le 25 février et le 1er mars 2025, l’institut FLASHS a conduit pour le compte de la marque Pro-Nutrition une étude consacrée aux habitudes alimentaires des Français concernant leur chien. Réalisée auprès de 1 372 personnes possédant au moins un chien, cette enquête dresse un état des lieux révélateur des pratiques alimentaires canines en France, tout en soulignant des liens étroits avec la santé des animaux et celle de leurs maîtres.
Une majorité de propriétaires attentifs à leur santé et à celle de leur chien
L’étude met en évidence que la majorité des personnes interrogées déclarent surveiller leur propre alimentation (92 %) et affirment être actives physiquement (83 %). Ce profil de propriétaires soucieux de leur mode de vie se reflète souvent dans leur attention portée au bien-être de leur animal. Ils sont d’ailleurs 88 % à promener leur chien chaque jour, dont près des deux tiers le font plusieurs fois.
Ce parallèle entre vigilance personnelle et soins apportés au chien suggère une certaine cohérence dans la prise en charge globale du foyer, même si l’étude montre également que cette logique peut être influencée par le niveau de ressources économiques.
Des choix alimentaires dominés par les croquettes, mais contrastés
L’alimentation sèche, principalement sous forme de croquettes, reste la solution privilégiée : 68 % des propriétaires l’adoptent comme mode de nutrition principal. Viennent ensuite l’alimentation mixte (15 %), les repas faits maison (8 %), les pâtées industrielles (7 %) et le régime cru ou BARF (2 %). Ces chiffres traduisent une préférence pour les solutions pratiques, disponibles en grande surface ou dans les enseignes spécialisées.
Les circuits d’approvisionnement varient selon les profils : les grandes surfaces représentent 50 % des achats, tandis que 46 % des répondants se tournent vers les animaleries. Les achats en ligne (16 %) et chez les vétérinaires (15 %) complètent cette répartition. L’étude souligne que les maîtres les moins attentifs à leur propre alimentation sont davantage consommateurs de croquettes achetées en supermarché.
Le vétérinaire comme acteur central de la recommandation nutritionnelle
Face à la diversité des offres alimentaires et à l’absence fréquente de formation nutritionnelle du grand public, le vétérinaire conserve un rôle prépondérant dans les choix alimentaires canins. Ainsi, 57 % des répondants indiquent se baser sur les conseils de leur praticien pour assurer l’adéquation entre les apports et les besoins de leur animal. D’autres s’appuient sur les recommandations des fabricants (19 %), leur propre expérience (17 %) ou encore sur des lectures spécialisées (7 %).
Cependant, les propriétaires les moins attentifs à leur santé ont tendance à accorder plus de poids à leurs propres observations qu’aux avis professionnels. Cette tendance peut représenter un risque si elle s’accompagne d’une mauvaise évaluation des besoins nutritionnels spécifiques du chien, en fonction de son âge, de sa race, de son niveau d’activité ou de son état de santé.
La perception du poids, un enjeu de santé publique animale
L’un des enseignements clés de l’enquête porte sur la représentation corporelle du chien par son maître. Si 86 % des personnes interrogées considèrent que leur chien affiche un poids idéal, l’analyse montre une discordance significative entre perception et réalité. Seulement 29 % sélectionnent la silhouette correspondant au poids optimal sur des représentations visuelles.
Cette mauvaise évaluation peut compromettre les efforts de prévention de l’obésité ou de la dénutrition. Elle montre la nécessité de renforcer les outils pédagogiques et le dialogue entre vétérinaire et propriétaire, afin de favoriser une évaluation objective et informée de l’état corporel de l’animal.
Une alimentation perçue comme un vecteur d’affection et de santé
Au-delà de l’aspect nutritionnel, l’alimentation canine est perçue comme un geste affectif fort. Pour 69 % des répondants, offrir une alimentation saine et adaptée constitue un témoignage d’amour envers leur animal, juste derrière les interactions affectives (70 %) et devant les promenades (67 %). Ce lien affectif s’exprime aussi à travers les arbitrages économiques.
L’étude révèle que 51 % des propriétaires déclarent avoir réduit leurs propres dépenses alimentaires pour maintenir la qualité des rations de leur chien. Cette tendance est particulièrement marquée chez les jeunes adultes (78 % des 18-24 ans) et chez les femmes (57 %, contre 45 % chez les hommes). Un tel comportement, s’il témoigne d’une volonté forte de bien faire, soulève des questions sur la priorisation des besoins au sein des foyers les plus précaires.
Des recommandations vétérinaires suivies, mais pas toujours sollicitées
Un quart des propriétaires ont déjà reçu des recommandations alimentaires de leur vétérinaire, généralement liées à un besoin de perte ou de prise de poids. Parmi eux, la grande majorité affirme avoir suivi ces conseils : 56 % intégralement, 43 % partiellement. Cette réceptivité montre l’impact positif de la prévention vétérinaire lorsque celle-ci est initiée.
Il apparaît toutefois que ces recommandations restent trop peu fréquentes. Cela pourrait refléter un manque d’anticipation des troubles alimentaires ou une banalisation de certaines dérives comme le surpoids léger.