Santé au travail : la CGT pointe l’inaction face à des chiffres alarmants

Le 23 avril 2025, la CGT (Confédération générale du travail) a de nouveau tiré la sonnette d’alarme. À l’approche de la Journée mondiale pour la santé et la sécurité au travail, prévue le 28 avril, le syndicat a dénoncé une dégradation persistante des conditions de travail, illustrée par un chiffre révoltant : 759 personnes sont mortes au travail en 2023. Derrière cette statistique brutale se cache un constat accablant sur l’état de la santé et de la sécurité des travailleurs dans l’Hexagone.

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By Stéphanie Haerts Last modified on 24 avril 2025 15h00
Santé au travail : la CGT pointe l’inaction face à des chiffres alarmants
Santé au travail : la CGT pointe l’inaction face à des chiffres alarmants © Shutterstock

La CGT en première ligne : 759 morts et « un silence assourdissant »

La CGT ne mâche pas ses mots. « Le constat est glaçant », déclare-t-elle dans un communiqué publié le 23 avril 2025, exigeant une « réponse à la hauteur » des autorités face à ce qu’elle qualifie « d’aggravation alarmante ». L'organisation syndicale pointe non seulement le chiffre de 759 décès liés directement au travail, mais étend le champ de la tragédie : 332 décès liés à des accidents de trajet, 196 dus à des maladies professionnelles et une flambée de 9,5 % des troubles musculosquelettiques.

Au total, ce sont 1 282 personnes mortes ou disparues du fait de leur activité professionnelle. Et pourtant, face à ce bilan, la CGT dénonce « un silence assourdissant des pouvoirs publics », déplorant une forme d'indifférence institutionnelle à l’égard de ces drames quotidiens.

Données officielles : une réalité sous-estimée ?

Les chiffres officiels, s’ils confirment certaines tendances, n’en révèlent pas moins un tableau fragmentaire. Le ministère du Travail, dans son Bilan des conditions de travail 2023, reconnaît la persistance des risques, malgré la mise en œuvre du Plan Santé Travail 4 (PST4) et du Plan de prévention des accidents graves et mortels (PATGM). Pourtant, les statistiques nationales peinent à refléter toute l’ampleur du problème.

La sous-déclaration des accidents du travail et des maladies professionnelles est au cœur des préoccupations : entre 2 et 3,8 milliards d’euros de préjudices dissimulés, selon les estimations de la CGT, qui évoque des pratiques opaques visant à minimiser les coûts pour les entreprises, au détriment du système de santé publique.

Des dispositifs critiqués : quand la prévention devient un prétexte

Le compte professionnel de prévention (C2P), censé identifier et compenser les métiers pénibles, est vivement critiqué par la CGT. À peine 5 000 comptes ouverts, pour des millions de salariés potentiellement concernés : le syndicat dénonce des critères d’éligibilité « tellement restreints que très peu y ont accès ».

Quant au Fonds d’investissement pour la prévention de l’usure professionnelle (FIPU), doté d’un milliard d’euros sur quatre ans, il est perçu comme un outil détourné, offrant des « subventions aux entreprises sans reconnaissance réelle de la pénibilité ».

Réformes, retraites et précarisation : les ingrédients d’une bombe sanitaire

La critique est acerbe contre les réformes successives du système de retraite, en particulier celle qui repousse l’âge légal de départ à 64 ans. « Les conséquences sont catastrophiques sur la santé des travailleurs et travailleuses », martèle la CGT, qui souligne l’impact de ces mesures sur les professions les plus exposées.

Les métiers dits « super-actifs », aides-soignantes, égoutiers, ouvriers du bâtiment, voient leur espérance de vie chuter bien en dessous de la moyenne nationale. L’exemple des égoutiers, avec une espérance de vie inférieure de 17 ans, est brandi comme preuve de l’urgence sanitaire à reconsidérer la pénibilité.

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Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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