Onze mois après l’émergence du virus à l’origine du Covid-19, la communauté scientifique n’a toujours pas de réponse tranchée sur son origine, a fait savoir le virologue Étienne Decroly dans un entretien à « CNRS Le Journal ».
La chauve-souris, le « candidat » le plus probable
L’origine d’un virus est une question qui se tranche en étudiant son génome. Si de multiples certitudes demeurent quant à l’origine du SARS-CoV-2, qui provoque le Covid-19, pour les scientifiques, au moins une chose est sûre : il a émergé très récemment chez l’homme. En effet, chez différentes personnes, ce virus a un génome identique à 99,98%, a fait savoir Étienne Decroly, directeur de recherche au CNRS au laboratoire Architecture et fonctions des macromolécules biologiques (CNRS/Aix-Marseille Université), membre de la Société française de virologie, dans un entretien à « CNRS Le Journal ».
Mais quel taux d’identité avec le SARS-CoV-2 retrouvé chez des animaux ? Le SARS-CoV-2 « humain » est identique à 96% au virus retrouvé chez des chauves-souris en 2012. Cette année-là, six ouvriers d’une mine dans la province chinoise de Yunnan avaient contracté une mystérieuse pneumonie, dont trois sont décédés, poussant les autorités chinoises à mener une enquête.
La thèse du pangolin plus ou moins écartée
Le SARS-CoV-2 a en plus des ressemblances avec les deux autres coronavirus à l’origine de pneumonies aigues connus de la science : le SARS-CoV-1 (dont une épidémie a eu lieu en 2002-2004) et le MERS-CoV (qui a émergé en 2012). Selon Étienne Decroly, le taux de ressemblance entre le SARS-CoV-1 et le SARS-CoV-2 est de 79%, et de 50% avec le MERS-CoV.
Le pangolin, a-t-il été celui qui a transmis le SARS-CoV-2 à l’homme ? Probablement pas, estime Étienne Decroly : le taux d’identité entre les séquences de SARS-CoV-2 et celles issues du pangolin n’atteint que 90,3%. À titre de comparaison, le SARS-CoV, dont on sait qu’il a été transmis aux humains par la civette, avait un taux d’identité de 99%.
Enfin, il reste la possibilité que le SARS-CoV-2 se soit développé à partir d’un autre virus qui circulait déjà « bas bruit » entre les humains. Une mutation soudaine aurait pu le rendre davantage transmissible et meurtrier, en somme : en faire le SARS-CoV-2 que nous connaissons.