Arrêtons de nier l’évidence : vapoter aide les fumeurs à en finir avec le tabac

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Par Olivier Martzel Modifié le 15 novembre 2018 à 5h05
Cigaretteelectronique
75 000Le tabagisme est à l?origine de près de 75 000 décès par an en France.

Alors que s’ouvre la troisième édition du « Moi(s) sans tabac », soulignons le chemin qu’il nous reste à parcourir dans la lutte contre le tabagisme : avec 32 % de fumeurs, la France occupe aujourd’hui la seconde place du classement européen de la prévalence tabagique, et le tabac reste chez nous la première cause évitable de mortalité, causant près de 75 000 décès par an.

Il est donc légitime que les pouvoirs publics multiplient les mesures antitabac : instauration du paquet neutre et de ses images chocs, interdiction des cigarettes au menthol, augmentation du prix du paquet à 10 euros d’ici 2020 etc.

Fermer la porte au tabac, c’est important mais insuffisant. Il faut aussi ouvrir des portes aux fumeurs afin de les aider à concrétiser leur sevrage tabagique. Le « Moi(s) sans tabac » représente ainsi autant de journées « portes ouvertes » bienvenues pour tous les fumeurs qui veulent arrêter le tabac, car il ouvre de nouvelles perspectives : groupes de soutien sur Facebook, application de coaching, distribution de kits d’aide au sevrage… Et même si seulement 158 000 personnes ont participé à l’événement en 2017, alors que 60 % des fumeurs souhaitent arrêter de fumer, l’initiative a porté quelques fruits. Pour ne prendre qu’un exemple, parmi les 4 000 membres du groupe Facebook « Les Vapoteurs #MoisSansTabac », 38 % avaient arrêté de fumer cinq mois après l’opération, caractérisée par le choix du vapotage et de l’entraide. De quoi regretter que la vape – c’est-à-dire l’usage de la cigarette électronique – ne soit pas un atout mieux exploité lors du « Moi(s) sans tabac » et, de façon générale, ne soit pas reconnue par les pouvoirs publics comme un outil efficace dans la politique de lutte contre le tabac.

Le Royaume-Uni, lui, n’a pas hésité à enfoncer une porte ouverte. L’agence de santé publique anglaise (PHE) a en effet conclu dès 2015 que la vape est « au moins 95 % moins dangereuse que la cigarette et qu’il n’y a pas d’effet passerelle » (théorie selon laquelle les jeunes non-fumeurs qui s’essaient au vapotage passeraient ensuite au tabac). L’évidence de l’efficacité de la vape a persuadé l’agence PHE d’en faire un axe majeur de son opération annuelle du mois d’octobre, Stoptober, dont notre « Moi(s) sans tabac » s’est inspiré. Résultat : l’essor du vapotage en Angleterre a fait bondir le taux de réussite global du sevrage tabagique de 15,7 % des tentatives en moyenne sur la dernière décennie à plus de 20% en 2017 !

La France refuse encore d’ouvrir cette porte en grand. Et pourtant, le Haut Conseil de la santé publique s’est prononcé dès février 2016 en faveur de l’utilisation de l’e-cigarette dans le sevrage tabagique. Et pourtant, 88 % des médecins interrogés sur le sujet du vapotage par leurs patients leur donnent un avis favorable. Et pourtant, la science apporte jour après jour des preuves de l’efficacité de la vape dans la lutte contre le tabagisme et de sa relative innocuité. Et pourtant, 1 million de fumeurs français sont parvenus à écraser leur dernière cigarette entre 2016 et 2017, une victoire que les pouvoirs publics attribuent aux diverses mesures de lutte antitabac sans reconnaître l’évidente contribution du vapotage.

Si les pouvoirs publics ont donc tout intérêt à intégrer la vape dans leurs actions destinées à réduire la consommation de tabac, les acteurs du vapotage en France peuvent aussi progresser en matière d’éducation et de communication. Les scandales sanitaires récents ayant ébranlé la confiance des consommateurs, il est nécessaire que la filière de la vape gagne leur confiance. La transposition française de la directive tabac européenne a certes contribué à une normalisation de la qualité et de la sécurité des produits, mais il faut aller plus loin encore. Les acteurs du secteur doivent ainsi s’engager à respecter les normes existantes – en particulier celles qui concernent les garanties de la qualité pharmaceutique des e-liquides ou la mention d’éventuels allergènes sur les étiquettes de ces derniers – sans attendre que le gouvernement les rende obligatoires. Les professionnels qui distribuent des produits de vapotage gagneraient également à suivre une formation spécifique pour conseiller les fumeurs qui souhaitent arrêter le tabac grâce à la vape.

Dans la lutte contre le tabac, il est urgent que les pouvoirs publics ouvrent aux fumeurs de nouvelles perspectives, sans les enfermer dans une démarche culpabilisante. Et dans l’accompagnement du sevrage tabagique, les acteurs de la filière du vapotage doivent faire savoir aux pouvoirs publics que leur porte est grande ouverte…

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Olivier Martzel est directeur général de Gaïatrend.

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