Naturels… ou pas : la liste noire des allergènes aériens

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Par Laure De Charette Modifié le 5 octobre 2017 à 9h35
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90%Les acariens constituent 90% de la poussière dans une maison

Acariens, moisissures, pollens… Les allergènes qui flottent dans l’air que nous respirons à l’intérieur de nos logements peuvent provoquer des problèmes respiratoires sérieux. Un problème d’autant plus préoccupant que ces réactions allergiques sont amplifiées par les polluants chimiques comme les composés organiques volatils (COV), de plus en plus présents en intérieur.

Yeux qui piquent, nez qui coule, éternuements intempestifs, difficultés à respirer, irritations… Plus d’un Français sur trois estiment avoir déjà ressenti une gêne liée à l’air intérieur et un Français sur quatre est aujourd’hui allergique. Une allergie qui peut, dans certains cas, évoluer en asthme, une maladie qui touche aujourd’hui plus de quatre millions de nos concitoyens.

La réaction allergique est provoquée par une mauvaise appréciation par notre système immunitaire d’une substance étrangère à l’organisme, d’origine naturelle ou synthétique. Au contact de cet allergène, le corps humain de la personne « sensibilisée » va déclencher une réaction excessive du système immunitaire qui va produire des anticorps et diverses substances chimiques comme l’histamine pour neutraliser l’élément perturbateur. L’allergie peut alors se manifester sous différentes formes : rhinite, asthme, eczéma, conjonctivite… Les allergènes aériens peuvent en effet causer une réaction par voie respiratoire ou au contact de la peau ou des muqueuses. En l’absence de diagnostic et de traitement, les symptômes peuvent s’aggraver, jusqu’à affecter sérieusement et durablement la vie quotidienne des personnes touchées.

Allergies aériennes

Mais quelles sont ces substances qui flottent dans l’air intérieur que nous respirons ? Acariens, moisissures, pollens, poils d’animaux… De nombreux « polluants » biologiques peuvent provoquer des allergies.

Les acariens sont sans doute nos ennemis intimes numéro un. Ils constituent 90 % de la poussière de la maison et seraient responsables de 75 % des allergies respiratoires et de 70 % des asthmes allergiques. Friands de chaleur et d’humidité, ces arthropodes d’un quart de millimètre se nichent notamment dans la poussière et dans la literie, mais aussi dans les moquettes et les teintures murales. Ils contiennent plusieurs protéines allergènes dans leurs particules fécales, leurs sécrétions salivaires, leurs œufs, leurs larves et leurs débris cellulaires. Ils peuvent provoquer des rhinites allergiques et de l’asthme, des conjonctivites voire une poussée d’eczéma.

Les moisissures apprécient plutôt, quant à elles, les atmosphères humides des salles de bains ou des cuisines. Elles augmenteraient les risques de développer des maladies respiratoires de plus de 50%. Ces champignons microscopiques ont également besoin d’un milieu nutritif pour se développer : elles le trouvent dans les aliments ou dans certains matériaux contenant par exemple de la cellulose ou de la lignine, comme le bois ou le tissu.

Les poils d’animaux – ou les plumes – qui peuvent s’immiscer dans les moindres recoins de la maison, contiennent également des protéines allergisantes, tout comme d’ailleurs l’urine de certains animaux comme les souris.

Les pollens, qui peuvent pénétrer à l’intérieur des habitations, sont également des allergènes aériens bien connus, notamment à l’origine du fameux « rhume des foins » qui sévit au printemps.

Les blattes, les cafards, les plantes d’intérieur, les déjections d’oiseaux, ainsi que les particules de latex peuvent également libérer des allergènes dans l’air intérieur des lieux clos.

Polluants chimiques : des facteurs aggravants

La sensibilité aux allergènes peut être augmentée par l’exposition a? des polluants chimiques, également présents dans l’air intérieur... Et les problèmes respiratoires ou cutanés qu’ils induisent peuvent être considérablement aggravés. C’est le cas par exemple pour les composés organiques volatils (COV), ces molécules capables de s’évaporer a? la température ambiante et de se répandre dans l’air, que l’on retrouve souvent à des concentrations préoccupantes à l’intérieur des habitations. Une exposition au formaldéhyde, par exemple, peut provoquer des allergies respiratoires et de l’asthme.

Ces substances chimiques qui aggravent l’effet des allergènes peuvent provenir de diverses sources qui font partie intégrante de notre quotidien : produits d’entretien, combustion du bois ou du charbon, peinture, tabac, désodorisants et parfums d’intérieur… Mais ces substances chimiques dangereuses peuvent également être émises par les matériaux de construction, de décoration, d’ameublement ou de bureautique qui nous entourent.

Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), les panneaux de bois agglomérés, le bois de charpente et les planchers, les revêtements de sols, les moquettes, les peintures, les vernis ou les isolants, en particulier, sont potentiellement émetteurs de COV.

Libérant à l’état naturel du formaldéhyde et des terpènes, le bois peut en effet aussi émettre des COV issus des traitements chimiques qu’il a subis (contre le feu, les champignons, les insectes ou l’humidité) ou encore provenant des colles, des résines, des peintures, des laques ou des vernis, utilisés pour sa fabrication ou ses finitions.

Une prise de conscience de l’importance de la qualité de l’air intérieur est donc essentielle pour lutter contre le développement des allergies et de l’asthme. La ventilation et l’aération quotidienne des différentes pièces de l’appartement ou de la maison sont la première recommandation à suivre. Le choix de tous les objets et de tous les matériaux qui nous environnent, ainsi que de tous les produits que nous utilisons, est également crucial pour minimiser les facteurs de pollution intérieure.

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique.Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.