Pas d’alternative ?

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Par Cédric d'Ajaccio Publié le 23 novembre 2020 à 5h50
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16,2%Le taux de positivité des tests de dépistage de la Covid-19 était de 16,2% le 17 novembre 2020.

C’est à cette génération qu’il aura été réservé d’assister à l’impensable décision d’arrêter la vie sociale plutôt que d’organiser en urgence l’adaptation du système hospitalier. A l’indexation de la vie de la nation sur la courbe de réanimation d’un système sanitaire sous-équipé et en sous-effectif structurel. Au choix de financer l’addition d’un tout paralysé plutôt qu’à la concentration des ressources sur la partie atrophiée.

Et c’est à cette génération qu’il aura été donné de constater que le maniement public de la peur par le matraquage des alertes, la désinformation flagrante, ne serait-ce que par sélection de l’information, de médias de masse devenus de simples caisses de résonance de la parole officielle ou de l’affolement d’un secteur hospitalier engorgé, suffisent à dompter une nation réputée rebelle et à détruire son immunité intellectuelle.

Quelle seraient les réponses d’un écolier du primaire face à ces questions : vaut-il mieux augmenter en urgence le nombre de lits d’hôpitaux (qui a baissé de 12 % entre 2003 et 2014) et la capacité de réanimation de 10 000 personnes ou faut-il jouer à « chat glacé » avec 67 millions de personnes ? Vaut-il mieux dépenser sans compter (des dizaines de milliards) pour prendre en charge les conséquences économiques de l’arrêt de la vie économique et sociale, ou bien concentrer les moyens (des centaines de millions ou quelques milliards) pour desserrer en urgence le goulot d’étranglement hospitalier, puis reconstruire intelligemment, c’est-à-dire démocratiquement et non bureaucratiquement, un secteur de la santé amputé de manière persévérante par une approche strictement gestionnaire et malthusienne ? La priorité des priorités d’un Gouvernement d’un Etat démocratique (par rapport à un Etat dictatorial) n’est-elle pas celle de laisser vivre la population au sens plein du terme, une évidence si manifeste qu’elle n’a été malheureusement écrite nulle part et ne semble revenir à l’esprit de personne ?

Car la question politique se ramène à cela. Tout le reste est un halo de brouillard pour cacher cette vérité crue et accablante pour des générations de responsables politiques, les derniers pas moins que les autres. Chacun sait bien, le fait n’est d‘ailleurs pas contesté, que ce n’est pas la gravité de la pandémie qui préside à la décision de confinement ou de re-confinement, mais que seul l’engorgement du secteur hospitalier donne le la de la mise sous cloche ou de la récréation. La politique, qui ne doit pas se faire à la corbeille, doit-elle se faire aux soins intensifs ? C’est parce que nous n’avons pas assez de lits d’hôpital et de clinique et pas assez de capacité de réanimation, que la liberté d’aller et de venir des populations, de circuler, de recevoir chez soi (sic !) de manifester, bref de vivre, est entravée comme elle ne l’a jamais été même en temps de guerre et placée sous surveillance policière, un vieux réflexe qu’un rien suffit à réveiller. Père Ubu, que dis-tu de cela ? Et toi Sapeur Camembert ?

Une létalité moyenne de 0,2 % des personnes malades montre bien que nous n’avons pas affaire à la peste noire ou à un virus hyper-contagieux et dangereux de type « Ebola ». Mais cette vérité, presque oubliée du pilonnage des médias de masse, pointe trop clairement vers la défaillance politique pour n’être pas assortie de tout un décorum quantitatif destiné à noyer le fait que les seules gravités que révèle ce virus sont le sous-dimensionnement du secteur hospitalier, la défaillance de son pilotage centralisé et la faible réactivité des établissements de terrain privés de toute liberté de mouvement. Quand on parle à chaque JT, avec un vocabulaire choisi pour honorer l’époque scientifique d’un peuple civilisé (par rapport à ces peuplades primitives soumises à des superstitions sans fondement et à des paniques moyenâgeuses) d’explosion du nombre des contaminés ou des infectés pour signifier l’augmentation du nombre de cas positifs (et non des malades) constatée du fait de la multiplication des campagnes de détection, dont on s’enorgueillit par ailleurs, on ne peut que conclure que l’on traite l’auditoire, le peuple souverain rappelons-le, comme un parterre de demeurés, ou d’enfants face à un Père Fouettard (pour notre bien) rajeuni. Qu’en dis-tu Alain Souchon ?

Si le virus circule toujours comme on le distille à longueur de temps, ce qui devrait continuer pendant un certain temps si l’on écoute bien les immunologues, jusqu’à l’atteinte de l’immunité grégaire qui se situe à environ 60 % de la population, on ne devrait pas s’étonner de trouver ce qu’on cherche : plus de cas positifs quand on augmente le nombre de tests. Le virus fait-il pour autant des ravages, comme on peut le lire dans des journaux sérieux ? Non ! Affoler les populations avec des chiffres impressionnants, en oubliant systématiquement de rappeler la létalité ordinaire de cette pandémie, relève d’une communication digne du Docteur Knock. Le seul point crucial est donc la capacité de soigner les malades. Or ceux-ci sont une infime fraction des cas positifs, et parmi les malades, le nombre de ceux qui ont besoin d’être hospitalisés une petite minorité, et ceux qui ont besoin d’être transférés en réanimation une très faible proportion des hospitalisés. Mais peut-être le besoin de lits d’hôpitaux pour faire face aux crises est-il égal à 0,06 % de la population ? Il en va de même lorsque dans un syllogisme en apparence impeccable, mais truffé de lacunes, de généralisations hâtives et d’extrapolations douteuses, Emmanuel Macron assène au détour d’une phrase le chiffre de 400 000 morts potentiels (partant d’un chiffre de 40 000 morts réels de personnes souffrant en grande majorité d’autres pathologies ou très âgées).

Le « bon choix » d’évidence serait d’avoir donné dès le départ, et maintenant encore, aux établissements hospitaliers, aux cliniques privées, aux médecins de ville, la liberté d’action (vis-à-vis d’ARS dépassées mais qui veulent tout contrôler sous les directives impérieuses du ministère de la santé) les moyens de dépenser intelligemment pour s’équiper en urgence, recruter temporairement parmi les personnels retraités (et créer une réserve sanitaire pour l’avenir, c’est-à-dire l’automne 2020 pour commencer), ouvrir de nouveaux lits, mobiliser tous les organes de secours (secouristes, pompiers, sécurité civile, associations) l’armée et ses services sanitaires, afin d’augmenter temporairement les capacités d’hospitalisation et les « capacités de réanimation éphémères » requises comme l’ont proposé dans les Echos des responsables de terrain au profil complémentaire. Une telle stratégie de mobilisation tous azimuts de toutes les compétences disponibles, ou accessibles, pour éviter d’avoir à empêcher la population de vivre (et non pas pour faire tourner l’économie comme on l’entend trop souvent, en traitant mentalement l’homme comme un rouage au service d’une méga-machine) aurait une toute autre allure, gaulliste à dire vrai, que la stratégie défaitiste d’un courage fuyons et d’abandon du terrain devant l’ennemi invisible qui a pris possession de nos rues, comme si le SRAS COV 2 était le premier virus qui circule, ou le dernier. Sans compter qu’une telle stratégie offensive serait beaucoup moins coûteuse à tous points de vue, à court comme à moyen terme. Il y avait, et il y a bien, une alternative, en fait beaucoup d’alternatives possibles sur le terrain en fonction de la qualité des décideurs pourvu qu’ils puissent prendre des initiatives appropriées à des circonstances particulières invisibles par nature depuis le centre. Les timides progrès du pragmatisme et de la déconcentration des décisions dans la saison 2 du confinement en sont d’ailleurs la meilleure preuve.

Prendre le taureau par les cornes donnerait d’autres incitations, à la jeunesse en particulier, aux populations des banlieues confinées en HLM, aux décrocheurs sociaux de respecter les consignes prudentielles, qui seraient d’autant plus respectables d’ailleurs qu’elles ne seraient pas systématiquement maximalistes et redondantes dans la grande tradition de l’exception française (il faut lire les protocoles sanitaires délirants et inapplicables, dont le but principal est la protection juridique et dont la protection sanitaire est devenue l’accessoire !). Elles conduiraient à un autrement sincère prendre soin des autres que la peur du gendarme et la mobilisation dévoyée des forces de police pour verbaliser (et à quel niveau aberrant !) les récalcitrants d’un confinement ou de contraintes sanitaires ridiculement exagérées. Soutenir en effet qu’attraper cette maladie de « la » COVID 19 n’est anodin pour personne est une exagération mensongère de plus : chacun connaît plusieurs personnes qui l’ont attrapée et n’ont été incommodés que très peu de temps et sans gravité particulière. Ceux qui l’ont été plus fortement, voire durablement, dans les grandes villes notamment lors du premier confinement, mais pas assez pour être hospitalisés, ont en fait en grande partie souffert de ne pas pouvoir trouver en pharmacie de quoi se soigner comme on le fait pour une grippe ordinaire avec du paracétamol, ne parlons pas de l’hydroxichloroquine, du fait d’interdictions administratives ou de ruptures de stock. Ils ont donc plus souffert de la défaillance bureaucratique du prendre soin des personnes que du virus lui-même. L’atteinte à la liberté de prescription et de se soigner est un autre des raffinements de l’exception française. Ne parlons pas de ceux à qui l’on a refusé la possibilité de se présenter à l’hôpital, en dépit de « nos valeurs » proclamées.

Oui, on pouvait mieux faire pour les malades et, de ce fait, pour la nation tout entière.

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Pseudonyme adopté par un publiciste, lointain cousin de Frédéric Bastiat

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