Auto-diagnostic en laboratoire sans ordonnance : la demande explose

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Par Anton Kunin Modifié le 17 février 2020 à 16h05
Analyses Laboratoire
3L'opération de dépistage du VIH « au labo sans ordo » actuellement menée par Santé Publique France a permis de dépister en proportion 3 fois plus de patients séropositifs qu'avec les demandes sur prescription médicale

La demande d’analyses médicales directement par les patients, sans ordonnance, est une tendance forte de ces dernières années. Entre 2018 et 2019, le nombre de demandes a augmenté de 33%, constate le réseau de laboratoires Biogroup.

Auto-prescription d’analyses : le test de grossesse et les infections urinaires en tête pour les femmes, le VIH pour les hommes

C’était impensable il y a encore une dizaine d’années, mais depuis l’Ordonnance n° 2010-49 du 13 janvier 2010 relative à la biologie médicale, l’auto-prescrption des analyses médicales par les patients eux-mêmes se développe. En 2019, 19% des analyses se font faites sans ordonnance, constate le réseau de laboratoires Biogroup (données issues de 150 laboratoires de différentes régions).

Chez les femmes de 20-40 ans, le test de grossesse prédomine très largement (70% des analyses demandées sans ordonnance). Avec le développement des tests de grossesse en pharmacie, les patientes ont pris l’habitude de s’autoprescrire et de prendre en charge ce type d’analyses. Les ECBU (recherche d’infections urinaires) occupent la deuxième place. Ces infections sont fréquentes chez la jeune femme, qui peut très facilement en reconnaitre les symptômes. Chez les hommes de 20-40 ans, arrivent en tête les sérologies VIH. Viennent ensuite des marqueurs d’addictologie : gamma GT (suivi de la consommation d’alcool) et THC (consommation de cannabis).

Un tiers des médecins estiment qu’il faudrait interdire l’auto-prescription d’analyses

Alors, qu’en pensent les médecins généralistes ? Selon un sondage réalisé par Bigroup, seuls 25% des médecins généralistes y sont favorables, tandis qu’environ 3 sur 5 se positionnent comme globalement défavorables à ces démarches d’auto-prescription. Un peu plus de 70% des médecins généralistes pointent le risque de mauvaise prise en charge médicale (car non inscrite dans un parcours de soins), le risque de surmédicalisation et le risque d’être anxiogène pour le patient. Selon 1/3 des médecins généralistes, les biologistes devraient refuser ce type de demandes et inciter leur patient à passer par une consultation médicale avant la réalisation de tous les examens de biologie médicale.

Les biologistes médicaux présentent quant à eux une approche plus positive sur les conséquences bénéfiques de l’auto-prescription d’analyses médicales et y voient principalement une facilitation du dépistage et de la prévention et une responsabilisation des patients vis-à-vis de leur santé. Le risque de mauvaise prise en charge lié à une non-inscription dans le parcours de soin est partagé à 60% environ par les biologistes médicaux eux-mêmes.

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